Les fontainiers de Eau de
Paris, production et distribution de l’eau à Paris, sont en grève
illimitée en raison de la pénibilité et de la dangerosité de leur
travail.
Entre
1949 et 1997, le revêtement des canalisations au coaltar (goudron de
houille) est effectué. Pour cela, il faut piqueter et gratter la
conduite au marteau et à la chaîne, brosser à la brosse
métallique, puis peindre au coaltar.
Jusqu’en
1970, la peinture employée était le « Brai Vibert »
composé de 70% de brai (facteur de risque pour le cancer du poumon),
9% de benzine, 21% d’huile lourde de houille. A partir de 1970, le
« Bitulatex Standard VP », contenant du vinyl et
de l’amiante (type Chrysotile), est utilisé jusqu’en 1983. En
1997, l’amiante est interdite (Décret n° 96-1133 du 24/12/1996).
En
2011, la Direction de l’assainissement de la Mairie de Paris
informe la direction de Eau de Paris de la présence d’amiante dite
« liée » à l’intérieur du coaltar dans ces
revêtements, posée dans la 2ème moitié du 20ème
siècle sur les canalisations en fonte pour les protéger de la
corrosion. Il faudra attendre le 12 octobre 2012 pour que des
représentants du personnel déclenchent une procédure de danger
grave, alors que les distributeurs privés Veolia et Suez, qui ont
géré la distribution d’eau à Paris de 1985 à 2010, puis Eau de
Paris, savaient que les employés travaillaient au contact de
l’amiante en réparant les conduites ou en ouvrant les vannes. La
limite d’exposition est de 10 fibres par litre d’air. Quand on
découpe une conduite, cela monte jusqu’à 6200 fibres !
Non
seulement les fontainiers sont victimes de l’amiante en intervenant
sur les conduites mais aussi au cours du cheminement pour inspecter
les fuites. Les fontainiers opèrent dans les égouts. Ils et elles
sont soumis à d’autres pollutions comme leurs collègues
égoutiers, comme nous l’a relaté un médecin ayant travaillé au
CRCP (Centre de Recherche et de Contrôle de Paris) puis à la Régie
de 2003 à 2006 - deux sociétés ayant fait faillite, dont les 163
employés ont été reclassés par la Mairie de Paris.
En
effet, les graisses provenant des déchets de restauration produisent
du méthane qui se transforme au contact de l’air en hydrogène
sulfureux (H2S) qui, en modifiant des hormones, porte atteinte au
cerveau, au pancréas, aux intestins, au foie. Les déjections de
rats provoquent des hépatites E qui détruisent une partie du
foie et peuvent conduit à un cancer et condamner celui ou celle
qui est atteint.
Les
laveries industrielles rejettent des détergents cancérigènes dans
les eaux de lavage usées.
Sont
aussi exposés dans les égouts d’autres intervenants comme les
agents de télécoms et les ouvriers du bâtiment.
La ville de Paris était
au courant de la présence d’amiante et d’Hydrocarbures
Aromatiques Polycliniques (HAP), produits cancérigènes, dans les
revêtements bitumeux qui recouvrent les conduites d’eau installées
dans les égouts de Paris.
Les
syndicats CGT, CFDT, CFTC qui ont appelé à une grève illimitée,
exigent une revalorisation et un élargissement à tous les agents du
congé de fin de carrière effectuant des travaux pénibles et
dangereux ou sales : 20 jours/an de 16 à 20 ans, 25 jours de 21
à 25, 30 jours de 26 ans et + , et la mise en place de mesures de
sauvegarde pour ceux qui ont effectués plus de 20 ans de travaux
pénibles et/ou insalubres.
Leur
combat est juste ! L’espérance de vie des fontainiers et des
égoutiers est largement inférieure à celle de cadres, et même à
d’autres professions ouvrières. Cela doit être pris en compte
pour l’amélioration de leurs conditions de travail et l’avancée
de l’âge de départ à la retraite afin qu’ils et elles
puissent partir du travail en bonne santé !
Solidarité
avec les fontainiers de Paris !
Revalorisation
du congé de fin de carrière !
Nous
ne devons pas perdre notre vie à la gagner !
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