jeudi 3 octobre 2013

Sit-in de sans-papiers syriens à Calais

Hier, des sans papiers syriens ont entamés un sit-in au port de Calais. Ils voulaient  atteindre l'Angleterre, où il peuvent demander l'asile, mais sont bloqués depuis plusieurs semaines. Voici leur communiqué, la dépêche AFP et l'article de la Voix du Nord de ce matin, sur la position du préfet.


Nous sommes les syriens ici à Calais 

 Nous sommes ici depuis maintenant un ou deux mois. Le gouvernement français et la police nous ont très mal traité et n'ont montré aucun intérêt pour notre situation. Ils nous ont systématiquement expulsé de nos maisons pour nous mettre à la rue. A chaque fois que nous trouvons un endroit où rester, la police viens et nous arrête, détruisant nos effets personnels et fermant le lieu.

Il n'y a pas d'endroit sécurisé où nous pouvons trouver refuge à Calais, nous sommes juste ici pour une chose et c'est demander l'asile en Angleterre. Beaucoup d'entre nous ont de la famille et des amis là-bas que nous aimerions voir et avec qui nous désirerions vivre. Il y a aussi une forte communauté syrienne en Angleterre, plus forte qu'en France.

Nous sommes maintenant en train de manifester dans le port de Calais, et nous ne partirons pas avant qu'ils nous laissent passer en Angleterre. Nous exigeons qu'une personne de l' « UK home office » vienne nous parler et étudie notre situation. Nous avons le droit de demander l'asile en Angleterre, mais comment arriver là-bas ?  Il n'y a pas de moyen légal de traverser.

Nous sommes environ 65 syriens au port en ce moment, avec nos familles, des femmes âgées, des mères, des enfants, le plus jeune ayant trois ans, des amis, et plus de 50 officiers de police.

Nous avons le droit de mener une vie paisible et nous avons malheureusement une guerre en Syrie. Nous avons besoin d'aide rapidement. Nous recherchons la sécurité et un refuge en  Europe, mais nous ne l'avons pas encore trouvé et nous espérons le rencontrer en Angleterre.

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"Une quarantaine de migrants demandent à pouvoir passer au Royaume-Uni. Ils se disent prêts à entamer une grève de la faim.

Près de 50 migrants syriens, qui souhaitent aller en Angleterre, interdisent un accès piétons au ferry au port de Calais (Pas-de-Calais) depuis le début de l’après-midi mercredi. «Depuis 14h30, un groupe d’une quarantaine de migrants, majoritairement de nationalité syrienne, a décidé d’organiser un sit-in à l’entrée du port de Calais, au niveau de l’accès pour les piétons», a annoncé la Plate-forme de services aux migrants (PSM) dans un communiqué. Personne n’était joignable dans l’immédiat à la préfecture du Pas-de-Calais pour confirmer l’information.

«Ils sont déterminés à rester là et à entamer une grève de la faim», a dit de son côté l’association La Marmite aux idées. «Nous sommes en train de protester, nous voulons aller au Royaume-Uni. Nous sommes environ 50 et il y a environ 60 (policiers). Ils sont debout et nous sommes assis», a déclaré à l’AFP par téléphone Joe, un Syrien de 27 ans qui fait partie du groupe.

D’après les associations, les manifestants syriens demandent également «un arrêt des expulsions et de meilleures conditions d’accueil en France» et une «demande de rendez-vous avec les autorités anglaises afin que celles-ci les autorisent à rentrer sur le territoire britannique».

«Ils sont (au niveau de) l’accès piétons du port, juste devant le terminal ferry. Ce n’est pas l’accès pour les voitures, c’est la passerelle qui relie la ville au port. La police bloque les deux accès» de la passerelle, a raconté à l’AFP Valentin, un membre de la Marmite aux idées qui n’a pas souhaité donner son patronyme."
AFP

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Le préfet Denis Robin a réagi ce jeudi matin à l’occupation par une cinquantaine de Syriens d’un accès au terminal ferry, depuis ce mercredi après-midi à Calais. Le préfet estime qu’il ne lui appartient pas de décider si les Syriens peuvent ou non accéder au territoire britannique. Il ajoute qu’aucune évacuation n’est prévue pour le moment, mais que la situation ne pourra pas durer indéfiniment.

« Sur le fond et sur les revendications des Syriens, il ne m’appartient pas de décider s’ils peuvent ou non accéder au territoire britannique. » C’est par ces mots que le préfet du Pas-de-Calais réagit à l’occupation, depuis mercredi après-midi, d’un accès au terminal ferry de Calais par une cinquantaine de Syriens. Denis Robin précise avoir contacté le président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) Cote d’Opale, Jean-Marc Puissesseau, gestionnaire du port de Calais : « Je partage son point de vue sur le fait qu’il n’y a pas de blocage du port, et donc pas d’urgence à évacuer ces personnes à la minute. Mais, dans le même temps, elles ne pourront pas rester là indéfiniment. » Le préfet espère que les Syriens « vont comprendre que ce ne sont pas les autorités françaises qui peuvent répondre à leurs sollicitations ».

J’espère que la situation se réglera d’elle-même, ajoute encore Denis Robin, sinon nous serons obligés d’intervenir. » En clair, si les Syriens ne partent pas d’eux-mêmes de la passerelle pour piétons, le préfet aura tôt ou tard recours aux forces de l’ordre pour les faire évacuer. Ceci se fera « en leur proposant des hébergements d’urgence dans le Pas-de-Calais, s’ils le souhaitent, car nous sommes attentifs à leur situation », précise-t-il. Pour rappel, lors de l’évacuation du squat de la rue Mouron début septembre, les Syriens avaient refusé ces hébergements d’urgence pour plusieurs raisons : d’abord parce que leur objectif est de rejoindre l’Angleterre et qu’ils ne veulent pas être logés un peu partout dans le département, et donc ailleurs qu’à Calais ; ensuite parce que lors de cette évacuation de squat, selon plusieurs associations, la proposition d’un hébergement d’urgence avait été faite dans de mauvaises conditions. « Les migrants n‘ont rien entendu de ce qu’expliquait l’interprète », avait dénoncé ce jour-là le Secours catholique.

Denis Robin dit ignorer si le gouvernement français est en contact actuellement avec les Britanniques sur cette question. Pour rappel, François Hollande avait déclaré à des associations, début septembre, que la situation des Syriens à Calais n’était « pas normale ». Pour lui, l’occupation du terminal ferry n’a de toute façon « pas vocation à durer : il faut que tout le monde comprenne que des efforts sont faits de toutes parts, par les élus, la CCI, les passagers », pour tolérer cette situation, a déclaré le préfet. Sur place, ce jeudi matin, la situation n’avait pas changé et les Syriens semblaient toujours aussi décidés à rester sur place.

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