Les
forces de l’ordre ont dégagé mercredi les abords de l’abattoir Gad de
Josselin (Morbihan) au lendemain d’affrontements entre salariés du
groupe, qui attendaient l’ouverture de négociations sur le sort de près
de 900 d’entre eux qui doivent être licenciés.
Forçant le barrage
mis en place depuis 24 heures, les CRS ont formé un cordon pour
permettre à une demi-douzaine de camions de sortir de l’usine où Gad a
choisi de concentrer ses activités en sacrifiant un autre établissement à
Lampaul-Guimiliau (Finistère), a constaté un photographe de l’AFP. Des
manifestants qui s’étaient couchés devant un poids lourd ont été traînés
au sol et un CRS a été assez violemment bousculé par les manifestants.
Deux
d’entre eux ont été blessés, «dont un a eu la main éclatée par un coup
de matraque et un autre a reçu un coup sur la tête et va devoir faire
une radio des cervicales», a déclaré à l’AFP Patrick Le Goaf, délégué du
personnel FO de l’abattoir de Lampaul.
David Myard, directeur de
cabinet du préfet du Morbihan, a fait état de deux blessés «très
légers» pris en charge par les pompiers et justifié l’intervention des
forces de l’ordre. «Il y allait y avoir des heurts encore plus vifs
entre salariés», a-t-il expliqué.
«Les CRS ont fait ce qu’ils
voulaient. Ils nous ont balancés», a déclaré M. Le Goaf, qui a précisé
que la cinquantaine de manifestants arrivés sur place mardi matin
allaient faire un point en début d’après-midi pour décider de la suite à
donner au mouvement.
«Il n’y a plus de blocage par la force des
choses. Les gars pleurent, ça fait mal au ventre. Si on essaye de
rebloquer, on va encore en prendre plein la gueule», a-t-il déclaré.
Des intérimaires roumains embauchés
Une
quinzaine de cars de CRS sont arrivés pendant la nuit, au lendemain de
heurts entre les manifestants et des salariés du site de Josselin, qui
ont forcé le barrage afin de laisser passer des camions. Ces derniers
ont également bloqué mardi soir la quatre voies Rennes-Lorient toute
proche pour exiger que les autorités dégagent les accès à l’usine.
M.
Le Goaf a assuré ne pas en vouloir aux salariés de Josselin qui sont
intervenus mardi contre leurs collègues finistériens, «mais à ceux qui
leur en ont donné l’ordre».
Les salariés du site sacrifié
réclament de meilleures indemnités de licenciement. Une rencontre avec
la direction de Gad, annoncée mardi soir dans l’espoir de dénouer la
crise, devait démarrer avec retard en milieu de journée à la préfecture
du Finistère, à Quimper, autour du préfet, Jean-Luc Videlaine.
Un
représentant de la Cecab, coopérative agricole bretonne qui est
l’actionnaire majoritaire (65%) de la société Gad, devait être présent à
la réunion, comme l’exigent les manifestants.
En redressement
judiciaire depuis février, la société Gad SAS (abattage-découpe de
porcs), victime de la crise de la filière porcine, a présenté un plan de
continuation de l’activité. Ce plan a été validé le 11 octobre par le
tribunal de commerce de Rennes, qui a entériné la suppression de 889
emplois, en grande majorité à Lampaul-Guimiliau.
Comme pour
attiser la colère des salariés licenciés, la direction de Gad a reconnu
mardi recourir à des salariés étrangers pour assurer le transfert d’une
partie des activités de Lampaul vers Josselin.
«Il y aurait plus
de 100 intérimaires roumains qui seraient arrivés en fin de semaine
dernière» à Josselin, a assuré à l’AFP Jean-Marc Détivelle, délégué FO
du site de Lampaul.
«C’est du dumping social, on se demande si, en
France, plutôt que d’essayer de le combattre comme le gouvernement
l’avait promis, ils n’ont pas décidé de se vautrer dedans», a-t-il
dénoncé.
La direction de Gad a assuré que ses usines étaient
«régulièrement contraintes d’engager des intérimaires étrangers»,
assurant qu’ils «bénéficient exactement des mêmes conditions
contractuelles et salariales que les salariés français».
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