Publié sur le blog du Comité Anti impérialiste
« GWADLOUPÉYEN, A les
écouter, NOU les ultramarins, les ultrapériphériques, les colonisés
brusquement devenus français à part entière,
serions encore une nouvelle fois la chance de la République
Française. C’est bien vrai car la grandeur et la richesse de la France
se sont construites et durent grâce à la colonisation et à
l’esclavage. »
Communiqué du LKP à propos des élections présidentielles en France, 22 avril 2012.
Etats des lieux :
Les nombreuses luttes menées ces
dernières années contre la vie chère, le chômage et l’exploitation dans
les « DOM-TOM » se sont soldées par des
répressions sans précédent. Répressions qui ne sont quasiment pas
relayées dans la presse. Depuis la lutte héroïque du LKP en Guadeloupe
en 2009, on assiste au redéveloppement de mouvements
intenses aux Antilles, à la Réunion, en Guyane, à Mayotte et en
Kanaky. Et pour cause : la situation sociale est explosive. Quelle est
la réaction des partis politique face à cette
situation ? On pourrait croire quelle est nulle mais en ne dénonçant
pas la répression et la situation sociale, ces partis se rendent
complice et sont donc responsables. D’ailleurs, sur la
question des « DOM-TOM », on note un consensus national des partis
droite-gauche, comme à l’époque de la république de Ferry, concernant le
sort réservé à ces populations. Quel parti
politique a osé dénoncer la domination coloniale qui est à l’origine
de la crise sociale que vivent ces peuples ?
En Guadeloupe l'autorité de la concurrence révèle que « les
écarts de prix en magasin avec la métropole dépassaient 55 % pour
plus de la moitié des produits, un pourcentage trop élevé pour
trouver exclusivement sa source dans les frais de transport et l'octroi
de mer » (2009). Pour les prix des carburants ils ont
bondi de 77% entre 2001 et 2008 à la Réunion et de 44% en
Guadeloupe. La distribution du carburant étant assuré
par le seul monopole SARA (filiale de Total) qui prélève des
marges hautement supérieur à ceux de métropole (source: site de
l’UGTG) et qui fixe les prix en accord avec les préfets. Des prix
supérieurs alors même que la moitié des ménages des départements
d’outre-mer ont un revenu mensuel par personne inférieur à 796
euros, contre 1 281 euros en métropole (revenu médian). Un écart de 60 %
(source: observatoire des inégalités). A la
Réunion, 52% des ménages vivent sous le seuil de pauvreté. Dans
l’ensemble de ses territoires, le taux de chômage des jeunes dépassent
les 50%.
Ainsi en 2009, le
peuple de Guadeloupe a ouvert la voix par une grève générale de 44 jours
menée par le LKP et l'UGTG. Arrachant une centaine de
revendications qui n'ont pour la plus-part pas été respecté par les
autorités. Mouvement rejoint par les Martiniquais et les Réunionnais.
Fin 2011, c'est cette fois-ci à Mayotte qu'éclate une
grève générale de 43 jours, permettant d'obtenir une diminution des
prix des ailes de poulets (Mabawas) et des sardines. A la réunion à la
suite d'une manifestation début 2012 se sont succédé
plusieurs nuits d'émeutes, les jeunes exacerbés par le chômage et la
vi0e chère s'en sont pris aux commerces et aux grandes surfaces. Dans
cette région le chômage qui atteint 30 % n’a de cesse
d’augmenter. En Nouvelle Calédonie, les dures luttes sociales menées
par l'USTKE (notamment à air Calédonie) ont eu comme seule réponse
l’utilisation de la baïonnette : arrestations et
emprisonnements de plusieurs militants syndicaux en grève...
Pourquoi l’Etat français tient-il tant à ces territoires ?
Il suffit de voir la
configuration de chaque île pour se rendre compte de l’immense intérêt
qu’a la France de détenir ces territoires. D’abord d’un
point de vue géostratégique : la France est le seul pays
impérialiste à avoir des territoires partout dans le monde ! Antilles et
Guyane en Amérique, Kanaky dans le Pacifique,
Mayotte et la Réunion dans l’océan Indien. De plus, les ressources
existantes comme le zinc en Kanaky, le bois en Guyane , la pêche, le
pétrole… constituent tant de richesses gratuites pour
l’Etat français qu’on comprend l’acharnement pour garder ces
territoires et les zones maritimes qui s’y rattachent. Contrairement aux
idées véhiculées l’Etat français gagne beaucoup plus à gagner
ces territoires que ces populations gagnent à être Français.
« Ici la lutte de classes s’exprime dans un contexte de domination
coloniale »
Gaby Clavier, ancien dirigeant de l’UGTG.
La possession et la
domination de l'économie par les Békés, les Zoreilles, les Caldoches
(noms pour désigner les blancs descendants
d'européens) est toujours d'une réalité criante. La question de la
« Pwofitation » mérite donc d'être posée ici au cœur de la métropole
impérialiste. Comme le souligne Elie Domota dans
une interview, la question de la domination coloniale doit être
posée car elle est bien le cœur de l’injustice : « Quel que soit le
territoire, les départements d’outre-mer restent
des colonies gérées comme à l’époque des plantations. En Guadeloupe,
le commerce et la distribution sont détenus par trois ou quatre grandes
familles. C’est le même cas de figure à Mayotte. Au
sommet de la pyramide, vous avez des personnes d’origine européenne
et en bas de l’échelle sociale les Mahorais. Il y a aussi un réel
mal-être. La paix sociale ne peut pas exister si 30 % des
jeunes sont au chômage. » extrait de :L’explosion était inévitable à
Mayotte, nov 2011.
Dans les années
1950-1980, alors que les peuples colonisés obtenaient leurs
indépendances, les Antilles, la Polynésie, la Réunion et la Kanaky
étaient maintenues sous domination et administration directe. Cette
colonisation parait « normale » et personne ne s’indigne de cette
anomalie. Ces territoires sont
« logiquement » considérés comme français pour la majorité des
français. Par le biais d’artifices juridiques, la France impérialiste
tente de faire croire qu’elle n’a plus de colonies.
Mais les luttes des peuples pour leur libération nationale et
sociale prouvent le contraire. Face à la pauvreté, 1 Antillais sur 3
rejoint la métropole. Dans l’autre sens de nombreux
métropolitains ses sont installés comme cadres surpayés dotés de
primes et de privilèges divers. Les fonctionnaires métropolitains qui
rejoignent les territoires « d’outre-mer » voient
leurs salaires augmenter de 40% ! C’est le résultat d’une politique
délibérée née dans les années 1960 qui a permis de renforcer
le mythe de la
France « mère-patrie » et ainsi renforcer l’aliénation culturelle des
peuples antillais. Comme nous l’évoquions plus haut
un consensus « républicain » réunit tous les partis politiques
autour du vieux discours colonialiste du 19e siècle : « la
France a beaucoup apporté à ces
peuples » ou alors « L’atout que représente pour la France cette
présence aux quatre coins du monde ». C’est effectivement une des
spécificités de l’impérialisme français. Il est
l’un des seuls pays impérialistes à détenir encore des colonies un
peu partout dans le monde. La question qui se pose pour l’impérialisme
français n’est pas de savoir ce que souhaitent ces
peuples (autonomie ou indépendance) puisque toutes les luttes
sociales ou indépendantistes ont été matées dans le sang. Par contre,
l’intérêt se porte sur les éventuelles menaces stratégiques qui
pèsent sur son déploiement mondial et s’il perd du terrain au profit
des autres puissances impérialistes. Et lorsqu’un conflit social
explose comme c’est le cas à la Réunion actuellement,
on voit bien que tout le camouflage sur la prétendue appartenance
légitime de ces territoires à la France vole en éclats et la question de
la domination coloniale est remise à l’ordre du
jour.
En tant que
mouvement anti-impérilaiste, nous devons dénoncer le rôle de notre
propre impérialisme et populariser les luttes actuelles en les
reliant à l’histoire de ces peuples qui ne manquent pas de luttes
héroïques. Louis Delgres, Frantz Fanon, Marcel Manville, OJAM, AGEG,
AGEM, ARC, USTKE, PKLS… sont tant de noms de personnes ou
d’organisations politiques qui marquent l’esprit de résistance et de
lutte de ces peuples.
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