Dimanche 24 février dernier a eu lieu l'Assemblée des dernières colonies françaises dans le cadre de la semaine anticoloniale.
Si la question du passé colonial et sa continuation actuelle sous de nouvelles formes est relativement connue, la question des dernières colonies françaises souffre d'un silence flagrant. Pourtant, que dire de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Réunion, de Mayotte, de la Kanaky, de la Polynésie, et de tout ce que l'Etat français classe communément sous la catégorie DOM-TOM (ou DOM-COM selon la nouvelle dénomination) ? Et que dire aujourd'hui des nations assimilées dans l'Etat français selon la théorie et pratique de la "France une et indivisible" ?
C'est autour de ces questions que s'est déroulée cette assemblée rassemblant plusieurs organisations : la Plateforme des Syndicats des Nations Sans Etat, l'USTKE (Kanaky), le LAB (Pays Basque), le SLB (Bretagne), le STC (Corse), l'UGTG (Guadeloupe), l'UGTM (Martinique), l'UTG (Guyane) et le CAAC (Comores).
Les situations de ces territoires sont différentes. Certaines organisations mettent en avant la lutte pour l'indépendance, d'autres pour l'autonomie, d'autres encore pour le droit à l'autodétermination des peuples de manière générale. Le point commun, en tout cas, est la dénonciation de la domination et de l'exploitation dont souffrent ces peuples de la part de l'Etat français.
Cette domination et exploitation s'expriment différemment mais ont le point commun d'entraîner un retard de développement économique issu de la dépendance économique à la métropole. En Guyane et Kanaky, c'est par exemple le pillage des ressources naturelles (pétrole, nickel,...). Le tourisme est mis en avant comme principal secteur économique, ayant des répercussions dramatiques pour les populations résidentes. Les Camarades du Syndicat des Travailleurs de Bretagne (SLB) expliquent ainsi que le nombre de résidences secondaires en Bretagne s'élève à 300 000 et 120 000 logements vides. Cela a comme répercussion l'explosion des prix de l'immobilier, chassant les masses populaires vers l'intérieur des terres où il y a peu de travail.
Dans tous les cas, le besoin du développement économique indépendant est posé comme une nécessité pour pouvoir parvenir à l'indépendance. Ainsi, l'UGTG met en avant les luttes d'occupation et de réappropriation des terres pour développer l'indépendance économique, malgré les limites que cela représente.
L'actualité d'aujourd'hui, ce sont aussi les luttes de masse et les révoltes qui traversent les colonies. A la Réunion, près d'un an jour pour jour, l'île a de nouveau explosé face au coût de la vie et au chômage massif des jeunes. Le mouvement est d'ailleurs parti des chômeurs qui se sont mobilisés pour le droit au travail.
La question abordée et largement partagée lors de cette assemblée est que le syndicalisme n'est pas suffisant. Comme l'a dit le Camarade du Syndicat des Travailleurs Corses, "on a la majorité dans tous les secteurs, on a lutté et on lutte toujours, mais la situation n'a pas changé fondamentalement." Si l'ennemi principal est clairement identifié, le capitalisme, la question qui reste en suspend est celle de la stratégie pour faire tomber le système. Les Camarades de l'UGTG décrivent leur lutte comme étant globale, c'est à dire politique, culturelle, syndicale, économique, etc. Mais le syndicat peut il être le seul outil pour pousser la lutte jusqu'au bout ?
Cette Assemblée fut riche en échange et le fait que la question fondamentale de l'ennemi principal, de la stratégie et de la forme organisationnelle ait été posée permettra d'avancer sur ce terrain, ensemble, contre le capitalisme et toutes les formes de domination et d'exploitation qu'il implique.
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