Nous sommes allés ce week-end à Notre-Dame-des-Landes, pour la manifestation "Sème ta ZAD" de mise en culture et de lutte contre l'aéroport porté par Jean-Marc Ayrault.
Plusieurs cortèges sont partis le matin, outils sur l'épaule prêts à travailler la terre et à réaliser les chantiers prévus par les paysans et paysannes et les habitants et habitantes.
Après les manifs du matin, des prises de parole ont eu lieu : le réseau COPAIN (Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport), l'ADECA (Association de Défense des Exploitants Concernés par l'Aéroport), une déclaration de soutien envoyée par des organisations paysannes indiennes ( à retrouver sur NDDL – Inde – déclaration de soutien de la coordination des mouvements de paysans indiens), et plusieurs mises au point sur le fonctionnement de la ZAD et de la journée.
Voici la déclaration d'ouverture en fichier audio :
Difficile d'estimer le nombre de personnes présentes car la ZAD ressemblait à une ruche, avec des gens partout, affairés à droite à gauche, malgré de nombreux chantiers annulés par le mauvais temps.
Nous avons pu voir quelques installations agricoles en devenir, comme cette serre...
...ainsi que la cabane flottante, Kerstank !
C'est en nous rendant à la Vache Rit, lieu de résistance historique au projet d'aéroport, que nous avons rencontré le président de l'ADECA dont voici une interview très riche :
Ci-dessous, un article sur ce que représente la lutte de Notre-Dame-des-Landes publié dans la Cause du Peuple n°18 :
La lutte à Notre-Dame-des-Landes
Alors que se tient du 4 au 6 janvier le festival FestiZAD, l’opposition populaire au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (44) ne cesse de grandir.
La manifestation de réoccupation du 17 novembre sur le lieu même de la ZAD (Zone d’Aménagement Différée, devenue Zone à Défendre !), notamment, a montré à la fois un saut quantitatif et qualitatif dans la mobilisation.
Le nombre, d’abord : 40.000 personnes, cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vu autant de monde dans une manifestation non-syndicale en pays nantais. C’est un saut important par rapport à la grande manifestation du 24 mars qui avait groupé 12.000 personnes ainsi que plusieurs centaines de tracteurs. Au-delà du nombre, la mobilisation montre que l’opposition est passée à une nouvelle phase, marquée par :
L’unité dans l’action établie à la base entre militants anticapitalistes, militants écologistes progressistes nantais et les travailleurs, chômeurs et retraités du nord Loire. Les divergences, assez profondes, entre militants anticapitalistes et militants associatifs écologistes et politiques se sont tues face aux nécessités concrètes de la défense de la terre et de lutte contre la répression. On a vu suite à cette manifestation des paysans, des ouvriers, etc. travaillant ensemble sur des chantiers de réoccupation, selon des plans conçus par les étudiants de l’école d’architecture de Nantes, avec des matériaux acquis avec certaines entreprises de BTP et d’outillage qui pratiquent des rabais. De même, des associations reversent une partie du produit de leur vente pour financer notamment les achats nécessaires à ces chantiers.
Une certaine maturité dans l’organisation concrète de la résistance aux expulsions, en termes de communication, de défense des lieux d’occupation face à la police, en termes de conditions matérielles d’accueil, de restauration, d’hébergement d’un grand nombre de personnes pour assurer la résistance aux expulsions.
Un rejet croissant des opportunismes. C’est apparu clairement lors de la manifestation du 17 novembre. Jean-Luc Mélenchon, secrétaire du Front de gauche, a été conspué, de même que les dirigeants d’Europe Ecologie-Les Verts venus la veille à grand renfort de caméras désemmurer un squat. Dénoncer les squatteurs et les résistants dans la presse locale et se draper dans leurs habits pour aller pavoiser dans les JT, voici la tactique opportuniste et réactionnaire des Duflot et cie. Ils ne peuvent faire oublier qu’ils sont dans la gestion quotidienne des collectivités locales (mairies, département, région) aux côtés du PS.
La construction de nombreux comités de soutien dans toute la Bretagne et au-delà. Il y en aurait plus de 200. Ils assument des tâches d’information, de liaison, de solidarité directe (déplacements sur place pour assister aux mobilisations) ou indirecte (collectes, etc.). La lutte s’élargit et cela se voit également à travers la multiplication des actions en dehors de l’agglomération nantaise, par exemple l’occupation du chantier Vinci du centre commercial Alma à Rennes le 19 décembre, mais aussi les très nombreux bombages dans toute la France contre les locaux du PS, les permanences de ses élus.
Pour qui en doutait, la réponse policière et intransigeante du gouvernement Ayrault montre clairement qu’il n’est là que pour représenter le pouvoir des monopoles capitalistes. Il l’a déjà montré en cautionnant les licenciements massifs de travailleurs, à PSA et ailleurs. C’est un exemple de plus qui doit faire s’évanouir toute illusion sur la volonté de la social-démocratie d’engager la moindre réforme sociale d’envergure.
Aux yeux des capitalistes, les enjeux sont clairs. Il s’agit d’ouvrir un nouveau champ de profit au nord de l’agglomération nantaise, un territoire « vierge » qui fait saliver industriels et promoteurs depuis les années 70. Pour nous, il s’agit en premier lieu de défendre l’accès à la terre, l’agriculture paysanne en nord Loire.
Dans cette perspective, on ne peut se satisfaire des succès déjà acquis et se sentir rassuré sur les capacités d’auto-organisation populaire et sur le foisonnement des initiatives locales, sans se préoccuper de l’issue final de la lutte, comme le font certains. Soit l’aéroport se construit, et alors la spéculation foncière, l’artificialisation des terres, le saccage de leur environnement poussera toujours plus les travailleurs, les chômeurs, les retraités du nord Loire rural dans la misère et la dépendance. Soit l’aéroport ne se construit pas, le bocage est préservé, les habitants de la ZAD peuvent continuer à travailler leur terre, à y vivre.
Mais quelle qu’en soit l’issue, la lutte contre l’aéroport doit déboucher chez ceux qui y participent sur la conscience que seule la lutte politique, la lutte pour le pouvoir du prolétariat peut mettre définitivement fin à tous ces projets barbares qui profitent aux capitalistes. Car les monopoles, c’est encore et toujours l’exploitation des travailleurs, l’appropriation privée des ressources et des activités utiles à tous : régie privée de l’eau, des ordures ménagères, etc. La lutte devra se prolonger aussi longtemps que les monopoles capitalistes existeront et que le pouvoir prolétarien ne sera pas établi fermement. Car c’est à la seule condition qu’elle soit débarrassée des logiques de concurrence et de productivisme à la recherche du profit maximum que l’agriculture paysanne supplantera l’agro-industrie, produit du mode de production capitaliste.
C’est ainsi que la lutte contre l’aéroport de NDDL pose la question du territoire, la question de la contradiction entre ville et campagne. Dans cette perspective, c’est la question du mode de production et de la propriété des outils de production qui est centrale : voulons-nous une économie au service des intérêts du capital financier basée sur la recherche du profit immédiat maximal au détriment du bien-être de la majorité et de notre environnement ou une économie au service de la majorité travailleuse et basée sur la recherche de la satisfaction des besoins communs ? Voulons-nous une économie où le producteur est à la merci du capital financier et en concurrence permanente avec les autres pour pouvoir survivre ou une économie où le producteur, main dans la main avec les autres, est le rouage de base de la satisfaction des besoins collectifs ? Répondre à cette question trace la ligne de démarcation et nécessite de reconnaître la nécessité de la conquête du pouvoir politique par le prolétariat.
Dans ce processus de conscientisation, la tâche des communistes est considérable. Car c’est encore les conceptions démocratico-bourgeoises et écologistes qui prédominent et, bien souvent, l’indifférence. Le travail politique dans la classe ouvrière nantaise sur la question de l’aéroport est complétement délaissé par les syndicats de travailleurs, alors que leur capacité d’action est réelle dans le secteur du bâtiment et pourrait contribuer à paralyser le projet. Les directions réformistes ont la responsabilité de cet immobilisme.
Cette lutte est gagnable, et qui plus est contre un projet soutenu directement par le premier ministre actuel, c’est pourquoi elle est si importante. Chaque victoire compte dans cette phase historique où la classe ouvrière et le prolétariat en général est sur la défensive, ou nous devons tous réapprendre à relever la tête.
La manifestation de réoccupation du 17 novembre sur le lieu même de la ZAD (Zone d’Aménagement Différée, devenue Zone à Défendre !), notamment, a montré à la fois un saut quantitatif et qualitatif dans la mobilisation.
Le nombre, d’abord : 40.000 personnes, cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vu autant de monde dans une manifestation non-syndicale en pays nantais. C’est un saut important par rapport à la grande manifestation du 24 mars qui avait groupé 12.000 personnes ainsi que plusieurs centaines de tracteurs. Au-delà du nombre, la mobilisation montre que l’opposition est passée à une nouvelle phase, marquée par :
L’unité dans l’action établie à la base entre militants anticapitalistes, militants écologistes progressistes nantais et les travailleurs, chômeurs et retraités du nord Loire. Les divergences, assez profondes, entre militants anticapitalistes et militants associatifs écologistes et politiques se sont tues face aux nécessités concrètes de la défense de la terre et de lutte contre la répression. On a vu suite à cette manifestation des paysans, des ouvriers, etc. travaillant ensemble sur des chantiers de réoccupation, selon des plans conçus par les étudiants de l’école d’architecture de Nantes, avec des matériaux acquis avec certaines entreprises de BTP et d’outillage qui pratiquent des rabais. De même, des associations reversent une partie du produit de leur vente pour financer notamment les achats nécessaires à ces chantiers.
Une certaine maturité dans l’organisation concrète de la résistance aux expulsions, en termes de communication, de défense des lieux d’occupation face à la police, en termes de conditions matérielles d’accueil, de restauration, d’hébergement d’un grand nombre de personnes pour assurer la résistance aux expulsions.
Un rejet croissant des opportunismes. C’est apparu clairement lors de la manifestation du 17 novembre. Jean-Luc Mélenchon, secrétaire du Front de gauche, a été conspué, de même que les dirigeants d’Europe Ecologie-Les Verts venus la veille à grand renfort de caméras désemmurer un squat. Dénoncer les squatteurs et les résistants dans la presse locale et se draper dans leurs habits pour aller pavoiser dans les JT, voici la tactique opportuniste et réactionnaire des Duflot et cie. Ils ne peuvent faire oublier qu’ils sont dans la gestion quotidienne des collectivités locales (mairies, département, région) aux côtés du PS.
La construction de nombreux comités de soutien dans toute la Bretagne et au-delà. Il y en aurait plus de 200. Ils assument des tâches d’information, de liaison, de solidarité directe (déplacements sur place pour assister aux mobilisations) ou indirecte (collectes, etc.). La lutte s’élargit et cela se voit également à travers la multiplication des actions en dehors de l’agglomération nantaise, par exemple l’occupation du chantier Vinci du centre commercial Alma à Rennes le 19 décembre, mais aussi les très nombreux bombages dans toute la France contre les locaux du PS, les permanences de ses élus.
Pour qui en doutait, la réponse policière et intransigeante du gouvernement Ayrault montre clairement qu’il n’est là que pour représenter le pouvoir des monopoles capitalistes. Il l’a déjà montré en cautionnant les licenciements massifs de travailleurs, à PSA et ailleurs. C’est un exemple de plus qui doit faire s’évanouir toute illusion sur la volonté de la social-démocratie d’engager la moindre réforme sociale d’envergure.
Aux yeux des capitalistes, les enjeux sont clairs. Il s’agit d’ouvrir un nouveau champ de profit au nord de l’agglomération nantaise, un territoire « vierge » qui fait saliver industriels et promoteurs depuis les années 70. Pour nous, il s’agit en premier lieu de défendre l’accès à la terre, l’agriculture paysanne en nord Loire.
Dans cette perspective, on ne peut se satisfaire des succès déjà acquis et se sentir rassuré sur les capacités d’auto-organisation populaire et sur le foisonnement des initiatives locales, sans se préoccuper de l’issue final de la lutte, comme le font certains. Soit l’aéroport se construit, et alors la spéculation foncière, l’artificialisation des terres, le saccage de leur environnement poussera toujours plus les travailleurs, les chômeurs, les retraités du nord Loire rural dans la misère et la dépendance. Soit l’aéroport ne se construit pas, le bocage est préservé, les habitants de la ZAD peuvent continuer à travailler leur terre, à y vivre.
Mais quelle qu’en soit l’issue, la lutte contre l’aéroport doit déboucher chez ceux qui y participent sur la conscience que seule la lutte politique, la lutte pour le pouvoir du prolétariat peut mettre définitivement fin à tous ces projets barbares qui profitent aux capitalistes. Car les monopoles, c’est encore et toujours l’exploitation des travailleurs, l’appropriation privée des ressources et des activités utiles à tous : régie privée de l’eau, des ordures ménagères, etc. La lutte devra se prolonger aussi longtemps que les monopoles capitalistes existeront et que le pouvoir prolétarien ne sera pas établi fermement. Car c’est à la seule condition qu’elle soit débarrassée des logiques de concurrence et de productivisme à la recherche du profit maximum que l’agriculture paysanne supplantera l’agro-industrie, produit du mode de production capitaliste.
C’est ainsi que la lutte contre l’aéroport de NDDL pose la question du territoire, la question de la contradiction entre ville et campagne. Dans cette perspective, c’est la question du mode de production et de la propriété des outils de production qui est centrale : voulons-nous une économie au service des intérêts du capital financier basée sur la recherche du profit immédiat maximal au détriment du bien-être de la majorité et de notre environnement ou une économie au service de la majorité travailleuse et basée sur la recherche de la satisfaction des besoins communs ? Voulons-nous une économie où le producteur est à la merci du capital financier et en concurrence permanente avec les autres pour pouvoir survivre ou une économie où le producteur, main dans la main avec les autres, est le rouage de base de la satisfaction des besoins collectifs ? Répondre à cette question trace la ligne de démarcation et nécessite de reconnaître la nécessité de la conquête du pouvoir politique par le prolétariat.
Dans ce processus de conscientisation, la tâche des communistes est considérable. Car c’est encore les conceptions démocratico-bourgeoises et écologistes qui prédominent et, bien souvent, l’indifférence. Le travail politique dans la classe ouvrière nantaise sur la question de l’aéroport est complétement délaissé par les syndicats de travailleurs, alors que leur capacité d’action est réelle dans le secteur du bâtiment et pourrait contribuer à paralyser le projet. Les directions réformistes ont la responsabilité de cet immobilisme.
Cette lutte est gagnable, et qui plus est contre un projet soutenu directement par le premier ministre actuel, c’est pourquoi elle est si importante. Chaque victoire compte dans cette phase historique où la classe ouvrière et le prolétariat en général est sur la défensive, ou nous devons tous réapprendre à relever la tête.
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