Voici un article des Camarades du blog Feu de Prairie sur la lutte "anti-terroriste" comme outil de répression massive et de sauvegarde de ce système en pleine crise.
L'Etat policier ne nous réserve pas d'avenir, c'est réciproque, nous ne lui en réservons pas non plus !
La Cause du Peuple
Ça y est, c’est fait, Aurore Martin a été extradée par l’état
français vers son voisin espagnol, qui la jugera en dépit de tout bon
sens – et même contre le droit que les états se fixent eux mêmes pour
légitimer leurs pratiques… Un seul prétexte justifie cela et tant
d’autres choses. La lutte contre le « terrorisme ».
Mais qu’est ce que le terrorisme? Wikipédia nous dit que c’est tout
simplement « l’emploi de la terreur à des fins politiques ». On peut
bien sûr trouver de bien meilleures définitions mais celle ci est assez
claire dans sa simplicité. L’Union Européenne, qui a reçu cette année le
« prix nobel de la paix » (et pourquoi pas le prix Kadhafi des droits
de l’homme tiens? Tant qu’à rigoler), tient ainsi à jour une liste de
mouvements jugés terroristes de par le monde. Bien sûr, faire l’apologie
de ces mouvements, les soutenir, afficher leurs symboles voire remettre
en cause leur désignation comme « terroriste » est répréhensible par la
loi. Vous voyez où l’on veut en venir? Si vous défendez explicitement
un de ces groupes dans ses actions, en usant de votre liberté
d’expression et d’information, vous risquez de voir débarquer chez vous
la police, d’être brutalisé, perquisitionné, insulté, jugé, etc, pour…
éviter que vous n’employiez la « terreur à des fins politiques ». C’est
d’une logique…
Cette liste inclut des groupes comme ETA, mais également comme le PKK
ou le Parti Communiste des Philippines. Il est à noter que ces deux
derniers groupes que nous prenons comme exemple sont engagés dans des
guerres contre leurs états respectifs, bénéficiant d’un soutien
populaire incontestable, appliquant différents programmes sociaux et
culturels, dénonçant les crimes d’état (on peut dans certains cas parler
sans risque de politique génocidaire), et la plupart de leurs actions
militaires visent les forces de répression – police et armée. La
classification de mouvements politique de ce genre comme « terroristes »
est très révélatrice. Il s’agit non pas d’une classification objective
mais d’un combat idéologique, d’une propagande bien organisée. Puisque
le seul terrorisme réellement applicable dans sa définition première est
en fait le terrorisme d’état. Avez-vous peur le soir d’être égorgé par
un maoïste philippin, ou de voir votre voiture dynamitée par une
combattante kurde? De notre côté, ce n’est pas un souci réel, puisqu’on
ne souffre pas de paranoïa aiguë… Il est donc nécessaire de porter le
débat sur l’emploi même du vocabulaire lié au terrorisme par les médias,
et de combattre cette propagande assimilant toute résistance populaire à
du « terrorisme ».
Mettre dos à dos tous les mouvements n’entrant pas dans le cadre de
la légalité pour les décrédibiliser a deux intérêts pour le système.
Primo, cela permet de les présenter comme une force marginale,
indéfendable, voire inhumaine. Un guérillero sera l’équivalent juridique
d’un jihadiste barbare ou d’un fasciste tuant des dizaines de jeunes
sur une île (voire d’un tortionnaire de Guantánamo pour ceux qui font au
moins l’effort de ne pas se limiter à la « légalité » des actes).
Secondo, cela légitime les actions d’un état qui se montre en protecteur
de ses citoyens, arrêtant les méchants (bon, quitte à leur interdire
toute possibilité d’expression et à les brutaliser un peu, mais c’est
pour leur bien).
Quelques exemples historiques: la désignation comme « terroriste »
des résistants au fascisme partout en Europe, notamment en France, où
les médias ne manquaient pas de présenter les combattants de la liberté
en poseurs de bombes. Le « patriot act » restreignant drastiquement les
libertés aux USA au nom de la lutte… Pour la liberté. Ou plus récemment
l’acharnement du pouvoir contre la « nébuleuse autonome » en France (qui
aurait commis le crime, dans sa diversité, de retarder des trains, bon
en fait peut-être pas mais dans le doute il vaut mieux surveiller
illégalement tout ça, etc).
La base de la répression, de la terreur d’état, est juridiquement
« l’état d’exception », aussi appelé « dictature » dans la Rome antique,
qui consiste à allier autoritarisme et mépris des libertés
individuelles ou collectives pour le « plus grand bien de la société »;
et idéologiquement, l’idée de casser toute résistance populaire (on se
fout pour notre part des véritables terroristes isolés, nihilistes,
réactionnaires, nazis partisans du « lone wolf », salafistes, etc, ils
constituent au mieux des prétextes à la répression) par la
militarisation sociale, ce que nos camarades du FRAP appellent le
« fascisme moderne », avec tout un panel de mesures de contrôle de la
population. Nos camarades du Laboratoire d’Urbanisme Insurrectionnel et
du Secours Rouge font à ce sujet un remarquable travail d’information et
d’analyse, parmi d’autres.
On en arrive à des situations ubuesques: un citoyen américain a ainsi
huit fois plus de chances d’être tué par un policier que par un
« terroriste » (et s’il est noir, n’en parlons même pas…). Voilà le
retournement sémantique présent dans la prétendue « guerre contre le
terrorisme », mettant en place de fait un véritable terrorisme d’état.
Tout militante ou militant politique peut être arbitrairement victime de
celui-ci, que ses actions soit légales ou non, comme l’actualité le
prouve. D’un côté nous avons un état d’alerte « exceptionnel » prolongé ad nauseam
avec le maintien par exemple du plan Vigipirate habituant la population
des quartiers populaires à voir l’armée patrouiller les lieux
publiques. D’un autre, l’abrutissement massif relayé par les médias de
masse de la bourgeoisie permet de généraliser le discours sur le
bien-fondé de cette politique. « Si quelqu’un en subit les conséquences,
c’est bien fait, il devait avoir quelque chose à se reprocher, c’est un
délinquant »… Mais toi qui défends les politiques sécuritaires
d’aujourd’hui, qui vis dans la peur de menaces inexistantes pour mieux
oublier le contrôle sur ta vie, quand tous les « délinquants
gauchistes » seront en prison, qui te défendra contre le rouleau
compresseur du système?
Voilà pourquoi nous luttons contre ces politiques, et entre autres
choses pour la libération d’Aurore Martin détenue par un système n’ayant
pas fait le deuil du franquisme, pour faire connaître les crimes des
états, et la légitimité des luttes populaires de par le monde. Néanmoins
il nous faut être honnêtes; c’est vrai, si les classes populaires n’ont
aucune raison de craindre nombre de groupes politiques étiquetés comme
« terroristes », ce n’est pas le cas de tout le monde. De façon diffuse
les classes dominantes – la bourgeoisie – ont peur. Peur des
soulèvements populaires et de ce que cela impliquerait. C’est une peur
légitime, produite par la conscience refoulée des crimes commis. La roue
de l’Histoire tourne. Comme disait Yves Peirat, « il est temps que la
peur change de camp », et c’est petit à petit le cas. Poussées à bout
les masses sont héroïques, elles ne craignent plus la mort. Si les
révolutions sont la terreur des puissants, elles sont la fête du peuple …
D.
Merci beaucoup!
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