dimanche 23 mars 2014

Grève illimitée à Eau de Paris !





Les fontainiers de Eau de Paris, production et distribution de l’eau à Paris, sont en grève illimitée en raison de la pénibilité et de la dangerosité de leur travail.

Entre 1949 et 1997, le revêtement des canalisations au coaltar (goudron de houille) est effectué. Pour cela, il faut piqueter et gratter la conduite au marteau et à la chaîne, brosser à la brosse métallique, puis peindre au coaltar.



Jusqu’en 1970, la peinture employée était le « Brai Vibert » composé de 70% de brai (facteur de risque pour le cancer du poumon), 9% de benzine, 21% d’huile lourde de houille. A partir de 1970, le « Bitulatex Standard VP », contenant du vinyl et de l’amiante (type Chrysotile), est utilisé jusqu’en 1983. En 1997, l’amiante est interdite (Décret n° 96-1133 du 24/12/1996).



En 2011, la Direction de l’assainissement de la Mairie de Paris informe la direction de Eau de Paris de la présence d’amiante dite « liée » à l’intérieur du coaltar dans ces revêtements, posée dans la 2ème moitié du 20ème siècle sur les canalisations en fonte pour les protéger de la corrosion. Il faudra attendre le 12 octobre 2012 pour que des représentants du personnel déclenchent une procédure de danger grave, alors que les distributeurs privés Veolia et Suez, qui ont géré la distribution d’eau à Paris de 1985 à 2010, puis Eau de Paris, savaient que les employés travaillaient au contact de l’amiante en réparant les conduites ou en ouvrant les vannes. La limite d’exposition est de 10 fibres par litre d’air. Quand on découpe une conduite, cela monte jusqu’à 6200 fibres !


Non seulement les fontainiers sont victimes de l’amiante en intervenant sur les conduites mais aussi au cours du cheminement pour inspecter les fuites. Les fontainiers opèrent dans les égouts. Ils et elles sont soumis à d’autres pollutions comme leurs collègues égoutiers, comme nous l’a relaté un médecin ayant travaillé au CRCP (Centre de Recherche et de Contrôle de Paris) puis à la Régie de 2003 à 2006 - deux sociétés ayant fait faillite, dont les 163 employés ont été reclassés par la Mairie de Paris.



En effet, les graisses provenant des déchets de restauration produisent du méthane qui se transforme au contact de l’air en hydrogène sulfureux (H2S) qui, en modifiant des hormones, porte atteinte au cerveau, au pancréas, aux intestins, au foie. Les déjections de rats provoquent des hépatites E qui détruisent une partie du foie et peuvent conduit à un cancer et condamner celui ou celle qui est atteint.

Les laveries industrielles rejettent des détergents cancérigènes dans les eaux de lavage usées.



Sont aussi exposés dans les égouts d’autres intervenants comme les agents de télécoms et les ouvriers du bâtiment.



La ville de Paris était au courant de la présence d’amiante et d’Hydrocarbures Aromatiques Polycliniques (HAP), produits cancérigènes, dans les revêtements bitumeux qui recouvrent les conduites d’eau installées dans les égouts de Paris.

Les syndicats CGT, CFDT, CFTC qui ont appelé à une grève illimitée, exigent une revalorisation et un élargissement à tous les agents du congé de fin de carrière effectuant des travaux pénibles et dangereux ou sales : 20 jours/an de 16 à 20 ans, 25 jours de 21 à 25, 30 jours de 26 ans et + , et la mise en place de mesures de sauvegarde pour ceux qui ont effectués plus de 20 ans de travaux pénibles et/ou insalubres.



Leur combat est juste ! L’espérance de vie des fontainiers et des égoutiers est largement inférieure à celle de cadres, et même à d’autres professions ouvrières. Cela doit être pris en compte pour l’amélioration de leurs conditions de travail et l’avancée de l’âge de départ à la retraite afin qu’ils et elles puissent partir du travail en bonne santé !

Solidarité avec les fontainiers de Paris !
Revalorisation du congé de fin de carrière !
Nous ne devons pas perdre notre vie à la gagner !


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