mardi 1 novembre 2011

Foyer taudis AFTAM : expulsés et résidents solidaires !

Les résidents algériens expulsés du Foyer d'Epinay et leurs camarades maliens, pour l'instant encore au foyer, se mobilisent mercredi 2 novembre, avec d'autres acteurs de la lutte globale du logement dans le 93. 

Ci-dessous, le tract unitaire qui décrit la situation de ces derniers jours à Epinay et appelle au rassemblement ce mercredi.

D'autre part, le site rue89 a réalisé un reportage sur leur lutte que vous pouvez lire ici : Foyer immigré d'Epinay : des retraités expulsés à la pelleteuse.


Retrouvons-nous mercredi 2 novembre à partir de 16 heures
devant la préfecture de Bobigny  !


La Cause du Peuple


Mobilisation devant la mairie de Saint Denis




Le bâtiment des Algériens détruit et "sécurisé"












La "salle de TV" où sont hébergés temporairement les expulsés par leurs camarades maliens

 



Trois jours après l'expulsion de 30 résidents du foyer AFTAM
162 avenue de la République à Epinay

RELOGEMENT ET REGULARISATION
DE TOUS LES 80 HABITANTS !
MOBILISATION LE 2 NOVEMBRE 2011 !


Jeudi 27 octobre à 6 heures du matin, le bâtiment A (dit "des Maghrébins") du foyer Aftam Epinay-République a été réveillé par des coups de bottes des CRS dans les portes des chambres, les sommations à se lever, s'habiller, à quitter les lieux, à laisser l'ensemble des affaires et – pour les sans-papiers – être emmené en garde-à-vue au commissariat.

Une trentaine de personnes ont été expulsées. L'Aftam dit avoir relogé quelques individus qui se trouvaient sur leurs listes de résidents en titre, qui date de 2004. La grande majorité étant des "remplaçants", ou des "surnuméraires" dans le jargon des gestionnaires, ils ont été priés de déguerpir. Des vigiles et la police ont bloqué l'entrée du foyer pendant toute la journée. Certains résidents, partis fêter l'Aïd au pays, auront la surprise en revenant de trouver leur logement détruit.

Les affaires des résidents ont en partie "disparu", en partie été détruites, en partie été ramassées dans des cartons et déposées dans un garde meuble à Stains qui au départ en refusait l'accès à leurs propriétaires.

Pourquoi tant de violence, de brutalité et d'indignité ?

Le foyer d'Epinay-République existe depuis 1967. Géré au départ par une organisation proche du patronat, l'AFRP. La rangée de bâtiments préfabriqués s'est dégradée pendant des années à tel point que les résidents ont été amenés à plusieurs reprises à faire grève de loyers pour demander des réparations. Entre 1989 et 1993, le foyer a été complètement autogéré, car l'AFRP avait abandonné les lieux. Juillet 1996, l'Aftam reprend la gestion avec comme mission de trouver une solution de relogement de ce site qui était déjà connu comme un foyer-taudis.

L'opération de la rénovation du foyer Pinel à la Porte de Saint-Denis, décidée vers 1999, aurait dû permettre, une fois les résidents de Pinel installés dans leur nouvelle résidence reconstruite, aux habitants d'Epinay d'emménager au foyer 19 rue du Bailly, pourvu d'une centaine de places. Or à cause des retards du projet, le nouveau foyer Pinel n'est toujours pas sorti de terre et Bailly est toujours occupé comme site de transition.
Ce qui se passe sur le site d'Epinay est alors facile à comprendre. L'Aftam regroupe les résidents qui restent dans deux bâtiments, démolit partiellement un troisième. Elle reloge aussi les "officiels" qui sont d'accord pour partir. Mais finalement, c'est peu de monde car la majorité des gens souhaitent rester ensemble, garder les liens de solidarité et de camaraderie qu'ils ont construits pendant des années. Avec le temps, de nombreux résidents en titre partent à la retraite. Leurs lits sont payés par des cousins, des frères, des amis qui ont besoin d'un habitat. De toute manière, l'Aftam refuse toute nouvelle entrée. D'autres préfèrent continuer à payer les loyers très modérés du foyer, plutôt que de se mettre dans l'engrenage du système APL avec son arbitraire, son flicage, mais indispensable pour payer les loyers de 300 ou 400 € demandés dans les nouvelles "résidences". L'Aftam n'engage pas une nouvelle enquête sociale, estimant que sans date précise de destruction, c'est peine perdue. Les noms des résidents réels, eux, s'écartent de plus en plus des noms sur les listes officielles du gestionnaire.

Les conditions physiques dans les foyers continuant à se dégrader, la Préfecture s'alarme et pousse à une solution rapide. Déjà en juillet 2010, sur le terrain, Monsieur le sous-préfet avait juré que les résidents ne passeraient pas encore un hiver dans ce taudis. Il a été remplacé. Juillet 2011, les résidents sont toujours là, cette fois-ci devant une nouvelle sous-préfète qui, elle, veut "en finir". Utilisant la tactique "diviser pour mieux régner", le bâtiment des Maghrébins – moins occupé – a été déclaré insalubre. L'Aftam a obtenu un jugement d'expulsion, et le 27 octobre au matin, l'a fait exécuter.

Le bâtiment B, dit "des Africains", fonctionne toujours et pour l'instant aucun ordre d'expulsion n'a été prononcé. Mais la cinquantaine d'occupants et de résidents manifestent avec force leur solidarité avec les expulsés, ils savent qu'ils risquent de subir très tôt le même mépris, le même sort.

Depuis l'expulsion, des mobilisations ont permis aux résidents expulsés sans autre solution que d'être hébergés provisoirement dans la salle de télé du foyer. L'Aftam s'est engagé à reloger des "surnuméraires et remplaçants" qui déposeraient des demandes de logement. Encore faut-il s'assurer que tous les demandeurs soient pris en charge et qu'elle ne fasse pas blocage sur certains dossiers pour des raisons diverses.

Mais les résidents et leurs soutiens réclament toujours une solution digne et juste pour l'ensemble des habitants du foyer.


Mercredi 2 novembre 2011 sera une journée de mobilisation !

10 heures devant la Mairie de Saint-Denis
Pour réclamer que la Mairie agisse concrètement pour héberger les résidents sans-papiers, pour appuyer activement leurs demandes de régularisation, pour envisager la solution d'un nouveau site pour les résidents du foyer.

16 heures devant la Préfecture de Bobigny
Pour participer à une "nuit de veillée" pour le droit au logement Ensemble avec les mouvements de lutte pour le logement du 93 (Les familles expulsées de la Courneuve, Les Sorins à Montreuil et d’autres) afin de demander l'arrêt des expulsions et des violences, l'ouverture d'une politique de régularisation et de relogement dans le département.


Plus précisément, sur le foyer Epinay-République :

Les résidents réclament une TABLE RONDE avec la Ville, l'Aftam et la Préfecture pour pouvoir trouver une solution qui permette à l'ENSEMBLE des résidents de sortir du foyer dignement, d'être relogés correctement et de manière groupée, pour garder les liens de famille et de voisinage, et à des tarifs qu'ils peuvent payer. Monsieur Oudot, directeur général de l'Aftam, a parlé de la possibilité de construire un nouveau foyer de 80 places à condition qu'il ait accès à un terrain et au financement. Cette solution doit être examinée concrètement et il faut passer à sa réalisation.


Le 29/10/2011


Comité de résidents du foyer Epinay-République, Coordination des foyers Aftam, Associations et organismes dans le comité de soutien (Copaf, EVTC, Dal, Mrap, Solidarité Logement St-Denis, la Cause du peuple, PC Maoïste, les Alternatifs, CGT...)

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