jeudi 31 janvier 2013

Nouveau report de la libération de Georges Ibrahim ABDALLAH : la fuite en avant de l'État français



Publié sur  : http://liberonsgeorges.over-blog.com

Une nouvelle fois, ce 28 janvier, l'exécution de la décision de justice, qui permettrait à Georges Ibrahim Abdallah de quitter la prison française pour retourner dans son pays, a été différée !

L’État français, au travers de ses magistrats du Parquet, multiplie les procédures dilatoires inédites pour retenir emprisonné Georges Abdallah.

Son départ vers le Liban dépend en effet de la signature d'un arrêté par le ministre de l'Intérieur, laquelle signature se fait attendre depuis le 21 novembre !

Ces incessants reports, ces nouveaux "obstacles" ne font que révéler l'entêtement obtus d'un État qui a fabriqué de toutes pièces l'"affaire Abdallah" depuis près de 30 ans.

De Tunis à Beyrouth, en passant par Ramallah, le soutien au militant révolutionnaire, au résistant Georges Abdallah ne cesse de s'étendre.

En France, l'indignation s'accroît de jour en jour. Les protestations de toutes sortes* se multiplient, dénonçant la chape de plomb qui pèse sur les mensonges d'État : les gouvernements de droite et de "gauche" valident tour à tour les mensonges des précédents, embrassent la même allégeance aux exigences étasuniennes, agissent en puissance qui se croit encore coloniale vis-à-vis du Liban, qui réclame son ressortissant.

Selon le tribunal d'application des peines, la libération de Georges Abdallah est "subordonnée" à la signature d'un arrêté d'expulsion, mais rien n'indique que toute procédure doive être gelée "en attendant" que le gouvernement français reconnaisse les décisions de ses juges.

Nous n'attendrons pas le 28 février pour obliger le pouvoir politique à céder devant la mobilisation internationale. Aujourd'hui, la seule exigence, qui doit se faire entendre plus fort encore, c’est   "Libération immédiate de Georges Abdallah !"

Le Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (CLGIA)

Paris, le 29 janvier 2013


* Hier soir, par exemple, à Asnières, le discours de Manuel Valls a été interrompu aux cris de "Libérez Georges Abdallah !" lancés par une dizaine de personnes présentes dans la salle… et expulsées aussitôt manu militari.

mardi 29 janvier 2013

Photos de la manif contre les licenciements





























Photos de la grève lundi à PSA

 
  

Les vigiles amenés par le patron :
 
 
En gilet jaune, les cadres amenés de différents sites pour mettre sous pression les ouvriers et ouvrières :
 
 

PHOTOS DU RASSEMBLEMENT POUR JEAN, ACCUSE SANS PREUVE D’AVOIR AGRESSE UN CADRE SNCF LORS D’UNE GREVE

Mercredi 23 janvier, plus de 300 personnes se sont réunies devant la direction régionale SNCF de Paris Rive-Gauche, en soutien à Jean. Ce jour-là, notre camarade cheminot, militant CGT, passait en conseil de discipline pour des faits bidon inventés par la direction. Son seul tort : avoir fait grève, avoir défendu le piquet… Rappel des faits :

SNCF : que sonne le clairon de la résistance aux attaques !

L’histoire pourrait prêter à sourire s’il ne s’agissait pas d’une sombre cabale antisyndicale. Car ici, c’est bien la haine de classe qui prend le dessus sur le tragi-comique.

Lors de la grève nationale des cheminots du 25 octobre dernier, les grévistes de Trappes (banlieue ouvrière des Yvelines comptant de nombreux chantiers SNCF) se réunissent en assemblée générale et décident de reconduire le mouvement. Les collègues occupent leur site de travail. La direction, elle, est gênée…

…GENEE AU POINT D’INVENTER UNE AGRESSION

Sur ce piquet, Jean, militant CGT, est injustement accusé d’avoir agressé un DPX (Dirigeant de Proximité, « petit chef ») à l’aide…d’une trompette d’annonceur ! La direction fait croire que le cadre s’est retrouvé sourd sur plusieurs jours. Les témoins sur place (grévistes et non-grévistes) n’ont pourtant vu ni agression, ni accident. Depuis cette grève, la direction fait peser sur Jean une pression insupportable qui se transforme en persécution : demande d’explications écrites en cours de service, présence du Directeur de l’Unité Opérationnelle (chef « plus grand ») à 4h du matin à sa prise de service, accusation de ne pas avoir répondu à la demande d’explications écrites alors qu’existe la preuve que la direction l’avait reçue depuis plusieurs jours, courrier préalable à une convocation pour une sanction supérieure au blâme avec inscription…sans que la direction n’ait pris le temps de lire la réponse de Jean ! Son chef présent sur toutes les journées de travail avec lui l’attendait à son retour de vacances à Trappes…

CONSEIL DE DISCIPLINE ET ORGANISATION DE LA SOLIDARITE

Un rassemblement de soutien avait lieu le 02 janvier dernier lors du conseil de discipline de Jean. 150 camarades, pour la plupart des cheminots (interservices) se sont réunis devant la direction de l’ ET (Etablissement Traction) de Paris Montparnasse dont dépend notre collègue. L’innocence de Jean fut clamée jusque devant le bureau de la Directrice de cet établissement où avait lieu le conseil. Ce qui n’a pas empêché les sanctions. Jean écope de cinq jours de mise à pied et d’une réunion du conseil de discipline en vue d’une mutation disciplinaire.

QUE DOIT-ON RETENIR ?

Ces conseils de discipline sont des tribunaux de classe et ceci, quelle que soit l’entreprise. Les travailleurs conscients ne doivent donc pas douter de leur illégitimité. Car le cas de Jean est une mise en garde, une alarme que la direction souhaite fièrement faire retentir afin de casser et stopper les mobilisations ouvrières de luttes. Faire peur, tel est le fer de lance du patronat et de la bourgeoisie. A nous de nous organiser, tout aussi dignement.

Jimmy (cheminot – Paris)





lundi 28 janvier 2013

Réunion des entreprises en lutte à Sciences'Po


L’article ci-dessous est un résumé des interventions des différentes entreprises et usines représentées.

Invités par SUD-Étudiant Sciences Politiques constatant la frilosité des confédérations syndicales, la collaboration directe de certaines et la politique de l’Etat bourgeois et du parlement de gauche qui font la même politique de gérant du système capitaliste, plus de 500 travailleurs d’une dizaine de grandes entreprises concernées par les licenciements massifs se sont réunis pour aider à la convergence de leurs luttes et au-delà. Refusant la fatalité et la morosité générale, ils ont décidés de se battre et d’opposer le front le plus large possible, sur la base de la lutte de classe sans concession et de l’étendre la plus possible selon le vieil adage « l’Union  fait la force » pour mettre en pratique le « Tous ensemble ». C’est sur le terrain de la lutte et non dans les bureaux ni dans les couloirs des ministères que la lutte doit se dérouler mais en unissant à la base dans chaque usine et entreprise syndiqués et non syndiqués que le capital reculera. 

SANOFI
En juillet 2012, les Sanofi entrent en lutte. En 2009 et 2011, il y a eu une suppression de 4 000 postes, sans compter les licenciements dans le reste du monde.
Cette année, il y a 26 M € de profit et pourtant le site de Toulouse doit être abandonné. Une baisse de production est prévue à Montpellier en parallèle d’une concentration à Lyon et Paris. La production de vaccins est supprimée à Lyon. Ce qui représente un total de plus de 2 500 licenciements.
En octobre, une manifestation de 1 200 employés de Sanofi a permis le retrait ‘momentané’ du plan. « Nous ne pourrons gagner seuls. Il faut être nombreux de 29 janvier » ont-ils déclarés.

TOTAL
Chez Total, la capitalisation distribuée atteint 9 M € et passe de 30 à 50 %. Les dirigeants touchent 500 000 €/an, avec le salaire le plus élevé atteignant 19 000 €/jour ! Ce qui n’empêche pas que Total reçoive 150 000 millions d’euros d’aides... 

AIR FRANCE
Air France et d’autres petites compagnies sont dans le rouge selon Alexandre de Juniac, PDG d’Air France. Ce qui n’empêche pas un investissement de 1,8 M €, ni l’achat d’Al Italia. La plus haute retraite est de 900 000 €/an. Les retraites chapeau des dirigeants s’élèvent à 300 000 €/an. Gourgeon, l’ancien PDG qui a sa carte au PS, a eu un chèque de départ de 400 000 €.
Air France veut supprimer les conventions collectives, rogner sur le temps de travail au moyen de la flexibilité afin d’augmenter les marges, les investissements et les émoluments des actionnaires. Ce qui signifie 5 000 emplois à perdre en deux ans alors que 10 000 emplois ont déjà été supprimés en 6 ans. Le front entre SUD et CGT n’est pas à la hauteur des enjeux. Il faut en finir avec la logique du dialogue social.
L’entretien des avions est réalisé au Maroc, en Chine et au Canada. Air France subit la concurrence des compagnies low-cost où les salaires sont très bas. Par exemple, Ryanair reçoit 800 000 € en aides aux entreprises et d’autres avantages. D’autres compagnies ne paient pas de taxes, etc. 

VIRGIN
Plan de relance chez Virgin. Il y a une intersyndicale combative (CGE, CFTC, FO, CGT, SUD) qui ne demande pas des négociations de départ mais un repreneur, pas du genre BUTLER, qui après avoir racheté le SERNAM  (fret SNCF), l’a revendu avec bénéfices après avoir viré les employés et réalisé un profit privé.

EX-PHILIPS DREUX
Malgré une longue lutte, l’usine a été fermée. Manu, délégué CGT a perdu son travail en 2008. Il estime qu’il faut refuser les mesures d’accompagnement qui isolent les luttes. A l’époque, une décision a été prise en AG : remettre l’usine en route sous contrôle ouvrier comme germe d’une autre société où « on produit, on se paie » et où les usines seront nationalisées et placées sous contrôle ouvrier. Il faut de même prendre des initiatives : mettre sur pied une caisse de grève pour tenir. Généraliser les grèves, les manifestations au niveau national afin que la classe ouvrière forme un mur contre le patronat.

SYNDICAT DU LIVRE
La distribution de la presse est au plus bas après la fin du monopole des NMPP qui assurait la distribution après la victoire sur le nazisme. Les NMPP ont été remplacées par deux sociétés de messageries en 1989 (loi Bichet). Hachette domine, les recettes de publicité baissent, Filipacchi  restructure, commence les plans sociaux. Ayrault forme un groupe de travail pour poursuivre les restructurations tout en accordant 1,2 millions d’€ à la presse, qui réalise alors 500 millions de bénéfices.

PSA
Au global, les ventes de voitures restent à un niveau élevé sur le plan mondial (90 millions d’unités, 100 dans deux ans). L’usine d’Aulnay SevelNord est concernée par le plan de licenciement de 11 000 emplois. La C3 est en troisième place sur le plan mondial. Le travail est saturé à Poissy où la direction veut concentrer la production (avec travail de nuit + week-end), mais aussi sur Mulhouse, à Kalonga en Russie, usine domiciliée au Luxembourg (avantage fiscaux, secret bancaire). L’Etat garantie une couverture de 7 M d’€ + d’autres subventions de l’Etat.
A Saint-Ouen, lors de l’occupation de l’usine par ceux d’Aulnay, les CRS sont rentrés dans l’usine. La conscience des salariés grandit, ils se lancent dans la lutte. Les confédérations sont très timides, les ouvriers ne veulent plus d’actions ponctuelles, la lutte devient dure. PSA à Aulnay veut fermer sans payer, mais par des accords de compétence, des licenciements, une augmentation de la productivité.

TECHNOCENTRE RENAULT GUYANCOURT
8200 suppressions d’emplois sont prévues, des déplacements aussi. Ceux qui refuseront seront licenciés. Les heures supplémentaires sont payées à 10 % au lieu de 25 %. L’augmentation annuelle de salaire sera de 0,5 % puis 0,75 %. Si on accepte, deux sites seront fermés : 2 500 (ingénieurs) + 1 300 (administratifs). Il est prévu de fermer Rueil en 2014.
Quand il y a des débrayages, il n’y a plus de salaires. Il faut lier la lutte des PSA à ceux des Renault, à ceux de Plastic Omnium, étendre les luttes à d’autres secteurs de production, établir des réseaux.

INGENIERIE LARDY
Renault est la tête de pont du MEDEF. Bien qu’il n’y ait pas de dettes chez Renault, les actionnaires ont touché 1 € par action. Renault met les ouvriers européens en concurrence. Aux ouvriers espagnols il leur dit : « si vous refusez de baisser vos salaires,  nous ferons fabriquer en Roumanie ». A Lardy, les salaires sont baissés et 7 à 21 jours de RTT sont supprimés. Pourtant Renault a 1 M d’€ dans les caisses. Goshn « promet » de produire des NISSAN. En attendant, à Lardy, les salaires sont gelés. C’est pourquoi les travailleurs sont en grève.

GOODYEAR AMIENS NORD
Goodyear est le troisième producteur de pneus au monde. A Goodyear , il y a un syndicat de lutte de classe qui depuis 60 mois refuse des indemnités et veux conserver l’emploi. Le syndicat est suivi par 86 % des travailleurs. Le syndicat constate la faiblesse du syndicalisme en France. Goodyear et les autres syndicats combatifs  doivent compter sur leurs propres forces et non sur les confédérations syndicales qui sont inscrites aux abonnés absents. Ils sont passés 5 fois devant les tribunaux à Nanterre, à Versailles. La fermeture concernerait 1250 salariés et leurs familles. En ajoutant les emplois induits, le nombre de personnes concernées est 24 fois plus élevé.  
Pour les délégués CGT et Sud de Goodyear, c’est la lutte de classe qu’il faut mener et non se battre pour les places. La France d’en bas se relève, pour refuser et lutter contre les licenciements, la conservation de l’emploi, c’est cela la vrai valeur du travail. Elle ne peut s’acheter pour 50 000 €, car alors c’est une défaite sur la question de l’emploi.

LICENCI’ELLES (3 SUISSES)
1200 licenciements prévus.  

Pour finir, SUD Étudiant Sciences Po est intervenu et a appelé les étudiants à soutenir, à s’unir aux travailleurs en lutte, dans le temple de la formation des élites dont une grande partie deviendront les gérants du système capitalisme, de son Etat et de ses différents types de gouvernement. C’est pourquoi il faut combattre le gouvernement de pied ferme, le renverser et le remplacer par celui des travailleurs manuels et intellectuels.

L'usine PSA d'Aulnay occupée par les grévistes


Nous étions ce matin à l'ouverture de l'usine de PSA Aulnay. 

Alors plutôt complaisants avec les ouvriers et ouvriers de PSA, les médias se livrent ce matin à une véritable campagne de désinformation sur la grève, au moment même où, "comme par hasard", la grève s'ancre et se radicalise.

Après un lock-out la semaine dernière, le patron comptait rouvrir l'usine ce matin. Mais les ouvriers tiennent bon : la production de l'usine est à l'arrêt et le site est occupé. 

"On est heureux d'avoir pu reprendre la grève après une semaine de mensonges et dénigrements de la part du patron." 

Ce matin, une centaine d'agents de sécurité étaient aux tourniquets pour mettre sous pression les travailleurs. A l'intérieur même de l'usine, c'est un véritable bataillon de cadres venus de plusieurs sites du groupe qui jouaient les gros bras pour tenter d'éteindre l'étincelle qu'a allumé le mouvement à PSA. 

"Les cadres ne savent pas travailler, la production n'existe pas sans nous. C'est pour ça qu'on dit avec les Renault, les Goodyear, les Faurecia, etc. : sans nous pas de bagnoles !" 

De plus, le patron a fait venir pour la première fois des intérimaires dans le but de casser la grève. Mercier, le délégué CGT, a appelé le préfet pour lui signaler cette pratique illégale et lui demander d'y mettre un terme.

Un ensemble de méthodes qui fait dire aux anciens qu'on revient aux années noires de 84-85. 

"Ce sont les méthodes d'une direction de combat aux abois."

Malgré les mensonges du syndicat traître SIA qui ne revendique plus le maintient de l'emploi sur le site, ce sont bien 400 grévistes qui sont à l'intérieur de l'usine. Parmi eux, beaucoup de nouveaux participants, étoffant la dynamique. Il y avait même la queue pour prendre les cartes de grève. Les journalistes ont été invités à vérifier.

"Notre cause, elle est juste : on défend notre boulot, notre usine que le patron veut casser brique par brique et boulon par boulon."

Il y a beaucoup d'absents aujourd'hui, en arrêt maladie, car les ouvriers indécis sur la grève ont préféré rester chez eux plutôt que de jouer les jaunes. Une position intermédiaire que les grévistes espèrent arriver à faire pencher en faveur du mouvement. Ce qui implique de lutter contre la résignation et, comme le disent à présent les camarades, "relever la tête" !

"On est en train de prouver qu'avec le rapport de force, on peut les faire plier."

A noter que Renault Flins est en grève demain, mardi 29 janvier, et que Renault Cléon sera en grève mercredi 30.

"On espère être un moteur pour un mouvement général. Le problème c'est d'atteindre la convergence."

La Cause du Peuple

GEORGES IBRAHIM ABDALLAH : LETTRE DE PRISON

 

Cher«e»s Camarades,

[...] . J’aborde dans cette lettre la première partie de vos questions à savoir ma situation et plus généralement celle des prisonniers révolutionnaires dans ce pays… et ce que l’on entend par aménagement des peines quand il s’agit de ces derniers…

Condamné à perpétuité dont quinze années de sûreté, je suis, légalement, libérable à partir de la fin de ma quinzième année de captivité, à savoir depuis octobre 1999. En fait, Passées les années de sûreté, la libération d’un militant révolutionnaire condamné à perpétuité devient de facto une mesure administrative plutôt que judicaire. Bien entendu cette mesure administrative à la discrétion du gouvernement, se présente toujours sous une forme judiciaire très particulière. Il y a toujours un juge, un tribunal et toute une cérémonie qui laisse paraître en fin de compte, une décision judiciaire, après débat contradictoire, plaidoiries des avocats et délibération etc.… Il n’en demeure pas moins, tout ce cérémonial est plutôt fictif ; il est bien cadré et centralisé aujourd’hui à Paris sous la direction d’un magistrat qui est le président du tribunal de l’application des peines de Paris compétent en matière de « terrorisme ».

Il faut savoir que la situation n’a pas toujours été ainsi. Bien que l’on soit jugé en France, à partir de l’année 1986, par une cour d’assises spéciale[1] composée uniquement des magistrats professionnels (elle ne comporte pas de jury), Les dossiers des prisonniers politiques (dits terroristes) n’étaient ni centralisés à Paris ni gérés par un seul juge de l’application des peines ; ainsi le 19 novembre 2003, la juridiction régionale de libération conditionnelle de la Cour d’Appel de Pau m’a accordé la libération conditionnelle. Cependant sur appel du parquet (à savoir du gouvernement) la juridiction nationale de la libération conditionnelle a infirmé cette décision le 16 janvier 2004. La juridiction nationale s’est alignée sur les arguments du parquet (à lire : du gouvernement) qui reprochait aux juges de la juridiction régionale de n’avoir « voulu tenir aucun compte de l’impact susceptible d’être provoqué en France, aux États-Unis et en Israël par la libération de ce condamné et ce alors même que la situation au Proche-Orient est particulièrement tendue ». C’est justement pour éviter qu’un magistrat de province se prenant au sérieux, ne vienne traiter ces dossiers sans tenir compte des enjeux politiques et autres considérations gouvernementales, ils ont légiféré de sorte qu’aujourd’hui tous ces dossiers soient traités à Paris et gérés par un seul magistrat. Ce dernier fait office de juge de l’application des peines et de président du tribunal de l’application de peines. Tout naturellement il suit scrupuleusement les mesures décidées en haut lieu. D’ailleurs, c’est pourquoi on a centralisé tous ces dossiers à Paris sous la responsabilité de ce magistrat nommé à cet effet.

Tout au long de sa détention, le prisonnier politique fait l’objet d’un traitement d’exception visant à priori la criminalisation de tout ce qui a trait à la lutte. Des scélérates lois au service de la répression et la contre-révolution préventive poussent sans cesse comme des champignons en fonction de l’évolution de la crise et de l’activité de l’antagoniste révolutionnaire; tout naturellement, rien ne s’oppose à l’application rétroactive de ces lois, particulièrement quand il s’agit des prisonniers politiques qui refusent de se soumettre. Bien entendu Camarades, il faut garder présent à l’esprit que L’individualisation et la criminalisation vont toujours ensemble du début à la fin de la détention… Afin de présenter et traiter le prisonnier politique comme un criminel, il faut d’abord en finir avec son identité politique, et à cet effet la justice bourgeoise ne se limite pas à lui nier toute identité collective, il lui faudrait absolument que le prisonnier politique lui-même, participe à cette négation et par conséquent à la destruction de la mémoire politique collective. Il faut substituer au prisonnier politique (protagoniste révolutionnaire  résistant)  le docile criminel repentant. Ce n’est que dans ce cheminement de substitution que l’on peut situer les démarches exigées pour une libération conditionnelle.[2] Ainsi la bourgeoisie peut-elle claironner à longueur des journées «  En démocratie il ne peut y avoir des prisonniers politiques, et il n’y en a pas ; il y a des dangereux criminels  terroristes…»  « En démocratie on n’emprisonne pas les militants pour des convictions politiques…on neutralise les activistes terroristes ces criminels irréductibles.». Il faut absolument que le prisonnier politique participe à la négation de son identité et à dépolitiser ses actions passées afin de les criminaliser… Tout naturellement tant que le prisonnier politique n’avalise pas, in fine, le processus de substitution susmentionné on lui refuse la libération conditionnelle. On lui rappelle « … qu’il n’a pas encore renié ses convictions politiques et que son engagement demeure intact… » « …Il continue de revendiquer les actions incriminées comme étant des actes de guerre et de résistance… » Et par conséquent «…la force de ses convictions et de son engagement peuvent, si le contexte politique s’y prêtait, le conduire à se comporter à nouveau en activiste résolu et implacable… » Et dans la situation actuelle où le rapport des forces entre l’antagoniste révolutionnaire et la contre-révolution est ce qu’il est, il ne peut s’attendre qu’à une décision défavorable à la demande de libération conditionnelle…

Dans un message adressé aux camarades lors d’une initiative solidaire devant la centrale de Lannemezan en 2006 nous disons J.M. Rouillan et moi :

« Pour espérer une libération, […] Le prisonnier doit s’individualiser jusqu’au bout en dénigrant son action passée et celle de ces anciens camarades…

[…] des années après, ce n’est plus à nos organisations combattantes qu’ils en veulent, elles n’existent plus, mais à notre mémoire collective et par delà à une partie du patrimoine de la gauche révolutionnaire internationaliste. L’objectif est d’anéantir l’expérimentation combattante qui, durant plus de deux décennies, s’est développée dans la zone européenne et moyen-orientale… » 

Ainsi Camarades, la justice impérialiste de ce pays a-t-elle rejeté toutes mes précédentes demandes de libération conditionnelle tout en brandissant à dessein l’étiquette du terrorisme fourre-tout, comme raccourci convenable facile à stigmatiser.[3] Il faut dire qu’à ce niveau il n’y a pas de limites dans la bassesse du moment où le rapport des forces nous est momentanément défavorable. C’est justement, ce rapport de force qui a permis jusqu’à maintenant, le rejet de  toutes ces demandes de libération conditionnelle ; il tend surtout à rendre évident le constat suivant : Tant que le prisonnier révolutionnaire n’a pas renié ses convictions et continue à présenter une quelconque combattivité on lui refuse en principe une libération conditionnelle, tout particulièrement si les mesures susceptibles d’être mises en œuvre pour le surveiller et le contraindre le cas échéant ne sont pas réunies et assurées là où il devrait vivre et travailler (à savoir, s’il s’agit d’un militant étranger dont la libération conditionnelle est toujours sous réserve de l’exécution d’une mesure d’expulsion vers son pays).

Camarades, Il faut savoir que juste au moment où la justice bourgeoise dénie toute identité politique au prisonnier révolutionnaire elle cherche par tous les moyens à empêcher et à criminaliser toute analyse critique du parcours de la lutte de ce dernier. Il lui faut absolument détruire tout ce qui a trait à la mémoire collective de la lutte révolutionnaire. Il lui faut absolument détruire toute connexion entre la mémoire collective de l’expérimentation combattante de la gauche révolutionnaire internationaliste et la dynamique globale de l’affrontement anticapitaliste, anti-impérialiste de nos jours.

Pour la petite histoire Camarades, il était en semi-liberté depuis presque onze mois,( il lui restait à peine un mois pour terminer cette période de semi-liberté...) Il a suffi qu’il réponde à un journaliste lui rappelant : « […] on m’a interdit de parler de mon passé autrement qu’en le dénigrant…] Cette « malheureuse » petite phrase lui a coûté (Jean Marc Rouillan) un an de prison… et oui Camarades, l’identité politique et la mémoire des luttes sont intimement liées et la justice bourgeoise ne peut tolérer ni l’une ni l’autre. Il lui faut en détruire jusque la moindre trace. C’est pourquoi justement tant que le camarade prisonnier se comporte en tant que militant révolutionnaire en captivité la justice bourgeoise lui dénie tout aménagement des peines. Ce traitement se perpétue aussi longtemps que le prisonniers refuse de se soumettre au rôle que les gouvernants cherchent à lui faire jouer : un pantin au service de la contre-propagande! Bien entendu, c’est toujours dans la mesure où le rapport de force lui est momentanément défavorable et tant que la mobilisation pour sa libération ne vienne pas favoriser la dynamique globale de la lutte en cours. C’est justement à partir du moment où les  diverses initiatives solidaires commencent à fleurir en s’affirmant d’emblée sur le terrain de la lutte anticapitaliste, toutes les mesures de répression et d’anéantissement préconisées durant des années contre les prisonniers révolutionnaires s’avèrent dorénavant inefficaces et complètement inappropriées. En fonction de cette nouvelle donne, les agents de la justice bourgeoise (juges, et autres services auxiliaires de la répression…) se rendent compte que l’enfermement indéfiniment ainsi que toutes les mesures d’anéantissement dont font l’objet, les prisonniers révolutionnaires depuis tant d’années, deviennent de plus en plus contreproductifs. C’est à ce moment là qu’ils optent pour la mise en œuvre des mesures d’aménagement des peines qui aboutissent à la libération légale «  dite conditionnelle » des camarades prisonniers…

Je m’arrête [...]

Mes salutations révolutionnaires à vous tous.

Ensemble camarades et ce n’est qu’ensemble que  nous vaincrons…

Votre Camarade Georges.
________________________________________
[1]  Pour me passer devant cette cour d’assises ils ont dû avoir recours à l’application rétroactive de la loi. Ma condamnation à perpétuité fut le 1er jugement prononcé par cette cour d’assises spéciale depuis sa création en 1986.)

[2] Comme vous voyez camarades, la question de l’attitude à prendre vis-à-vis de la justice bourgeoise et les positions politiques  à défendre ne se limitent pas seulement, loin de là, aux seuls moments du procès au tribunal, elles se déploient et se précisent tout au long du processus de résistance des prisonnier«e»s révolutionnaires. Bien entendu comme cette dernière (la résistance des prisonnier«e»s révolutionnaires) elles s’inscrivent d’emblée dans la dynamique globale de la lutte anticapitaliste, anti-impérialiste…on développe ce point camarades dans la deuxième partie quand on aborde « sur quel base les prisonnier«e»s révolutionnaires se défendent-ils devant les tribunaux de la bourgeoisie}.

[3] Lors de mon arrestation et ma comparution devant la cour d’assises  « le terrorisme » ne figurait pas encore en tant que crime dans le code pénale de ce pays…

Leïla Shahid : "Notre stratégie non-violente face à Israël est un échec" , entretien à la RTBF

mardi 20 novembre 2012



La déléguée générale de l’Autorité palestinienne auprès de l’Union européenne a accordé un entretien poignant à la RTBF. Leïla Shahid estime que le conflit qui se ravive à Gaza sert les intérêts électoraux de Benjamin Netanyahou et pointe la responsabilité de la communauté internationale. Surtout, elle constate l’échec de la stratégie de la négociation avec Israël. "Nous avons commencé à négocier à Madrid en 1990, (...) on a arrêté la lutte armée, (...) et Israël nous a donné une claque", constate-t-elle.

Leïla Shahid, l’armée israélienne a mobilisé 75 000 réservistes. Les blindés se déploient petit à petit. Vous craignez un conflit terrestre ?
 
Oui, je pense que cette situation absolument tragique, parce que c’est la répétition de ce que la population de Gaza a vécu il y a à peine 4 ans, c’est une guerre annoncée. C’est presque indécent de prétendre qu’on est surpris que ça recommence puisque, depuis l’offensive de 2008-2009, rien n’a changé à Gaza et qu’une population occupée depuis 45 ans ne peut pas continuer à vivre humiliée comme elle l’est et qu’il était évident que la communauté internationale aussi est responsable parce qu’elle n’a rien fait de tout ce qu’elle a promis, Union européenne incluse. Et je pense que l’arrière-pensée de Monsieur Netanyahou dans cette nouvelle guerre qu’il prépare est vraiment beaucoup plus électorale qu’autre chose. Il n’a pas le scrupule d’en faire payer le prix ni à la population civile israélienne, qui est bien sûr incessamment terrorisée par les missiles et les obus que les Palestiniens tirent de Gaza, ni à une population palestinienne encore plus terrorisée…
 
Donc, pour vous, on est dans un contexte électoral ?
  
Mais bien sûr ! Le 22 janvier, le Premier ministre israélien a décidé qu’il voulait faire des élections anticipées. Il a pris comme partenaire dans sa coalition, Monsieur Lieberman, l’actuel ministre des Affaires étrangères israélien, qui est un homme qui ne cache pas ses positions très radicales. Monsieur Netanyahou a essayé de convaincre le Président Obama de partir en guerre contre l’Iran, il n’a pas réussi. Donc il choisit de faire la guerre contre l’ennemi le plus faible, le moins équipé sur le plan militaire, qui est la population civile de Gaza. Vous n’allez pas me dire que le Hamas, avec les quelques obus qu’ils fabriquent dans les petits ateliers locaux, va tenir tête à une armée nucléaire et aussi puissante que l’armée israélienne. Et ça va être un nouveau massacre.
  
Alors, justement, le gouvernement israélien dit défendre sa population. Les Occidentaux pointent, eux aussi, la responsabilité du Hamas dans cette affaire, dans le déclenchement de ce conflit. Quelle est la position de l’Autorité palestinienne sur cette question justement ?

Ecoutez, nous, nous avons décidé, il y a 19 ans, d’arrêter toute la lutte militaire pour décider de négocier la solution de deux Etats. Mais soyons honnêtes, nous avons échoué. La solution préconisée par le Président Mahmoud Abbas, par le Premier ministre, par Yasser Arafat avant son décès, ça fait 20 ans que nous négocions soi-disant une solution de l’occupation militaire de nos territoires depuis 45 ans. Et qu’est-ce que nous avons fait ? Nous n’avons même pas réussi à faire retirer l’arméeisraélienne ni de Gaza ni de Cisjordanie, ni de Jérusalem-Est. Donc regardons la réalité en face : la communauté internationale est responsable aussi de notre propre échec, parce qu’il est évident que nous avons un déséquilibre de forces total en faveur d’Israël.

Et le Hamas, lui, il est responsable ? Le Hamas en lui-même ?
 
Oui, mais le Hamas, qui n’est pas le parti que je représente, mais le Hamas représente une population. D’ailleurs, je vais vous dire : ce n’est pas le Hamas qui tire, ce n’est pas vrai que c’est le Hamas. C’est le Jihad islamique et les autres organisations. Le Hamas, ça fait 5 ans, pour des raisons tout à fait évidentes d’opportunisme, a fait respecter un cessez-le-feu intégral, il n’y a plus eu de tirs. Le Hamas a vraiment imposé un cessez-le-feu. Les tirs, ils ont sûrement un peu à voir avec la situation régionale. Mais ils sont possibles parce que la population est excédée que rien n’ait changé dans sa vie. La tragédie de la Palestine, c’est que la communauté internationale est de mauvaise foi, d’un côté, y compris d’ailleurs l’Union européenne et les Américains, ou incapable de se mettre d’accord sur une vraie politique. Israël est traité comme l’Etat le plus démocratique, le plus gentil, il a les meilleures relations. L’Union européenne vient de lui accorder tous les privilèges au niveau des accords d’association. Et la population palestinienne a le droit aussi de se défendre comme elle pense qu’elle peut le faire. Nous, autorité, nous pensons qu’on peut le faire sur le plan politique, mais on n’a pas vraiment acquis beaucoup de crédibilité, à vous dire vrai, depuis 20 ans, puisque nous avons échoué. Les organisations comme le Hamas et le Jihad islamique, eux, préconisent qu’il faut revenir à une lutte armée.

Ce point de vue du Hamas, ça vous inquiète ?

Ça ne me surprend pas mais ça m’inquiète. Je vais vous dire pourquoi ça m’inquiète : ça m’inquiète parce que la disproportion du rapport de force est telle que c’est encore une fois la population civile de Gaza qui va payer le prix. Qui est mort il y a 4 ans ? 1400 femmes, enfants, et vieillards qui ont été bombardés. Qui est en train de mourir depuis maintenant 3 jours ? Ce sont 30 civils palestiniens, ce ne sont pas les combattants qui meurent. Lorsque Israël tire avec des avions F16, ce n’est pas le Hamas ni le Jihad islamique qu’on punit, c’est la population de Gaza qui ne peut même pas fuir parce que toutes les frontières de Gaza sont fermées par Israël.

On a assisté, avant-hier, à des scènes assez rares en Cisjordanie. On avait certaines personnes qui brandissaient sur le territoire de la Cisjordanie des drapeaux en signe de ralliement au Hamas.

- Mais c’est normal parce que je vous dis que moi, je suis l’ambassadeur de Palestine, et je vous dis que, malheureusement, la stratégie de ma direction, la mienne, celle que je défends maintenant depuis 45 ans, elle a échoué. Dites-moi à quoi ont servi les négociations pendant 20 ans ? Nous avons commencé à négocier à Madrid en 1990. On a continué en 1993, on a arrêté la lutte armée, on a voulu montrer qu’on était respectueux du droit international, et Israël nous a donné une claque. Nous avons des résolutions qui obligent Israël depuis maintenant 45 ans, c’est-à-dire la résolution 242, à quitter les territoires occupés parce que l’occupation de territoires par la force armée est illégale. Qui a fait appliquer ça dans les territoires palestiniens ? Personne. Donc ne donnez pas de leçon de morale à une population qui est excédée. Et nous devons, nous, faire une autocritique de dire que, malheureusement, nous n’avons pas réussi à mettre fin à l’occupation par des moyens non-violents, donc nous allons voir encore plus que Monsieur Netanyahou utilise cela pour son agenda électoral. Il va se mettre comme candidat, lui et Monsieur Lieberman, dans un mois comme le héros, je dirais, de l’unité nationale israélienne contre soi-disant les ennemis. Et il revient vers la guerre des civilisations et il reprend le discours de Monsieur Bush d’" axe du bien contre le mal ", et bien sûr il diabolise le Hamas et tout ce qui est islamique pour se faire lui le chantre de la liberté.

Et d’après vous, quel rôle peut jouer l’Egypte ?

Tout front militaire, à côté de la frontière de l’Egypte et de Gaza, va déstabiliser aussi le président Morsi. C’est pour ça qu’il a été très vite mobilisé et, bien sûr, il a une relation, en tant que parti politique, avec le Hamas. Mais je vous dis, le Hamas a pratiquement respecté intégralement le cessez-le-feu pendant 5 ans. Pourquoi aujourd’hui ça reprend ? Je pense que c’est aussi le contexte national israélien et les élections. Et Morsi va voir, et il a déjà appelé deux fois le président Obama pour essayer aussi de dire aux puissances internationales qu’il faut qu’elles l’aident à calmer les visées de Monsieur Netanyahou qui ne mettent pas seulement en danger les Palestiniens, mais aussi toute la région.

Propos recueillis par Pierre-Yves Meugens


Une classe réservée aux enfants Roms... dans un poste de police

 
Ils sont une vingtaine, ils ont entre 6 et 12 ans et se rendent au poste de police. C’est un policier en uniforme qui leur ouvre la porte. Il s'agit d'une convocation ? Non.  Ils vont en classe. Ce sont tous des enfants Roms.

La ville de Saint-Fons s'est fait connaître pour le traitement policier qu’on inflige aux Roms qui jettent des cailloux : saccage des baraques, casse des voitures et gaz lacrymogène (1). Aujourd’hui, c’est au tour de la municipalité de se distinguer particulièrement pour le traitement qu’elle réserve aux enfants Roms.

Après avoir refusé catégoriquement de scolariser les enfants du bidonville sous prétexte de classes saturées, la sénatrice-maire socialiste, a trouvé une idée extraordinaire pour appliquer la politique d’exclusion prônée par Hollande et Valls: la classe réservée exclusivement aux Roms dans le bâtiment de la police municipale.

On peut difficilement imaginer mieux en termes de ségrégation et de discrimination. En tout cas en France. On a connu pire, c’est vrai, mais c’était en Afrique du Sud du temps de l’apartheid.

Les enfants sont privés de cantine scolaire, probablement pour leur faire comprendre, au cas où ils ne l’auraient pas déjà compris qu’ils ne sont pas vraiment des enfants comme les autres. La mairie leur accorde déjà l’immense faveur de les regrouper dans une salle avec une maîtresse, vous ne croyez pas qu’elle va les nourrir en plus ? Vous prenez les mairies socialistes pour quoi ? C’est pas écrit « Ecole » sur le fronton du  bâtiment, c’est écrit « Police ». Non mais !

En fin de matinée, ils retournent donc dans leurs baraques et reviennent l’après-midi, souvent le ventre vide. Parfois ils sont encadrés par des bénévoles ou des parents. Parfois, ils sont lâchés dans la nature sans personne pour les encadrer. Chaque jour, les enfants doivent ainsi marcher environ 5 kilomètres dans une zone industrielle fréquentée par de nombreux camions pour se rendre au commissariat, pardon, à l’école de la République.

Quand ils arrivent à l’école, c’est un policier qui leur ouvre le bâtiment et qui le referme. Si un enfant arrive en retard, il trouvera porte close, il peut rentrer chez lui. La salle de classe se situe au deuxième étage du bâtiment où il n’y a ni eau, ni toilettes. La vingtaine d’enfants est encadrée par une seule maîtresse. Le plus jeune à 6 ans, le plus âgé 12 ans. Les niveaux scolaires sont donc très différents. Certains sont scolarisés depuis longtemps et parlent bien le français, d’autres viennent d’arriver et ne parlent pas un mot de français. On se demande bien ce que peut faire l’enseignante à part s’arracher les cheveux.

Cette classe a été ouverte avec l’accord du Préfet et de l’Education Nationale. En octobre 2012, le gouvernement a pourtant sorti 3 circulaires pour favoriser la scolarisation des enfants Roms, mais dans le Rhône, les circulaires ministérielles, le préfet s’assoit dessus. Comme celle du 26 août 2012, pourtant signée par 7 ministres. A Lyon et dans sa banlieue, pas un seul terrain n’a fait l’objet d’un diagnostic.

Il est très inquiétant de constater la stratégie du pouvoir actuel dans le traitement de la minorité Rom en France. Le cas de Saint-Fons n’est pas isolé. Il y a quelques jours, on apprenait que le maire,  socialiste lui aussi, de Ris-Orangis parquait les élèves Roms … Dans un gymnase. (2)

L’école est pourtant un des plus puissants facteurs d’intégration qui puisse exister. Cette belle école à la française que le monde entier nous envie. Républicaine, oui, obligatoire, oui, pour les enfants Roms, non.

A Saint-Fons comme dans beaucoup d’autres villes, les socialistes ont aujourd’hui tous les pouvoirs. De la Présidence de la République aux mairies en passant par l’Assemblée Nationale et le Sénat. Il est clair, aujourd’hui, que chacun de ces échelons s’applique consciencieusement à appliquer la politique du gouvernement qui a été parfaitement définie par Manuel Valls :

« Les Roms ont vocation à rester en Roumanie ou a retourner en Roumanie ». (3)

Vous ne comprenez pas le français ? Et bien, vos enfants n’iront pas dans nos écoles pour l’apprendre. On ne veut pas de vous en France, un point c’est tout. DE-GA-GEZ.

(1) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/120113/la-police-gaze-des-enfants-et-saccage-un-camp-de-roms

(2) http://www.liberation.fr/societe/2013/01/25/un-maire-ps-relegue-les-eleves-roms-dans-un-gymnase_876499

(3) Canal Plus, 20 janvier 2013, émission Dimanche + de Anne-Sophie Lapix

samedi 26 janvier 2013

Encore une fermeture annoncée !

La nouvelle est tombée que l'usine Goodyear d'Amiens Nord devrait fermer d'ici à 2014. 1250 ouvriers sont concernés directement. 

C'est une véritable hécatombe et il y a tout à parier que cela va continuer. 

Mais en face, il y a du répondant. 

Les ouvriers de Goodyear sont connus pour être combattifs, menant déjà un travail de plusieurs années pour la conservation de l'emploi sur le site d'Amiens. 

A Renault Flins, la jonction s'est faite avec les ouvriers de PSA Aulnay avec une assemblée commune et une opération  péage gratuit commune pour financer la grève. 

A PSA, après une semaine de Lock-out par le patron prenant pour excuse les sabotages, la rentrée de lundi matin promet d'être mouvementée ! Dans un tract, ils ont annoncé : 

"Nous avons parfaitement conscience que nous ne sommes pas les seuls à être menacés. Cette politique est la même dans toute l'Automobile : PSA, Renault, Toyota, sous-traitants, équipementiers. Mais aussi dans tout le pays, quel que soient l'endroit, l'entreprise, privée ou publique, où l'on travaille.

Nous avons décidé de relever la tête dans un contexte où l'ensemble du patronat déclare la guerre au monde du travail. Nous pensons qu'il faut réagir, et qu'une usine comme la nôtre, qui concentre encore 2500 salariés, se doit de le faire."

La classe ouvrière commence en effet à relever la tête et reprendre ses affaires en mains, continuons dans cette voie, avançons l'unité à la base, développons le Front Ouvrier Révolutionnaire !


mardi 22 janvier 2013

La Cause du Peuple n°18 est sortie

 La Cause du Peuple n°18 est sortie ! A demander à lacausedupeuple@gmail.com.

Consultez la page des anciens numéros de la Cause du Peuple.


Edito

La crise du capitalisme se poursuit, s’accentue en France, en Europe et à l’échelle mondiale. Comme il est écrit dans le Manifeste du Parti Communiste : « Poussée par le besoin de débouchés…la bourgeoisie envahit le monde entier. Il lui faut s’implanter partout… Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand regret des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. »

Le Manifeste a été écrit il y a 165 ans, il est pourtant d’une actualité brûlante. Aujourd’hui, le capital financier domine toutes les sphères de la production, organisée en trusts de plus en plus puissants regroupant les activités les plus diverses au sein d’immenses trusts internationaux, dans l’industrie, l’agriculture, les services, etc.

Le géant de la sidérurgie Mittal, face à la surproduction d’acier, ferme ses usines, détruit une partie de son appareil de production, le restructure, ce qui entraîne une destruction massive des emplois. Le chômage ne cesse d’augmenter de façon massive. Dans le domaine de la distribution, les trusts commerciaux comme Virgin doivent déposer le bilan. Ce sont encore des milliers d’emploi qui sont supprimés. La crise de surproduction frappe de plein fouet le secteur automobile. Des milliers d’emplois sont supprimés à PSA, Renault, Ford, etc. Des milliers d’autres entreprises sont frappées par le chômage.

« Comment la bourgeoisie surmonte-elle ces crises ? D’un côté en imposant la destruction massive de forces productives ; de l’autre, en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond des anciens marchés. Comment, par conséquent ? En préparant des crises plus générales et des plus puissantes et en réduisant les moyens de les prévenir. […] Les armes dont la bourgeoisie s’est servie pour abattre la féodalité se retournent aujourd’hui contre la bourgeoisie elle-même. […] Mais la bourgeoisie n’a pas seulement forgé les armes qui l’a mettront à mort : elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes – les ouvriers modernes, les prolétaires. » (Manifeste du Parti Communiste – Karl Marx et Friedrich Engels)

Aujourd’hui, après la liquidation du camp socialiste par ceux qui ont trahis, la bourgeoisie est plongée dans une crise encore plus profonde que celles qui ont précédées. Mais les prolétaires, et plus largement tous ceux qui dépendent du capital pour vivre, sont de plus en plus nombreux. Celles et ceux qui ont intérêt à la destruction du système capitaliste représentent 90 % de la population mondiale.

Ce système ne pourrait survivre si la bourgeoisie n’avait pas des alliés, si elle ne pouvait s’appuyer sur les faux-amis du peuple. Qui sont ces faux-amis ? Ce sont ceux qui prétendent travailler pour le peuple, servir le peuple, sans détruire le système qui les exploite, les opprime. Ce sont les dirigeants sociaux-démocrates, les faux communistes et les opportunistes qui trompent les travailleurs, qui leur promettent qu’ils vont sauver leurs emplois mais ne prennent aucune mesure pour empêcher les capitalistes de les détruire. Ils sont épaulés par les directions réformistes et conciliatrices des syndicats que nous ne saurions confondre avec celles et ceux qui tentent de se battre à la base sur le terrain de la lutte de classe, même s’ils le font sans stratégie révolutionnaire qui leur permette de s’opposer à la stratégie criminelle du grand patronat, à la grande propriété commerciale et foncière, tous liés au capital financier.

La composition du gouvernement en système capitaliste ne peut être que bourgeois, qu’il soit de gauche, de droite, ou entre les mains des pires ennemis de la classe ouvrière et du peuple, le fascisme dans sa version ancienne ou moderne. Ce qui est posé c’est la question de l’Etat, de sa nécessaire destruction par ceux qui produisent les richesses. Il ne peut y avoir d’autres alternatives.

C’est la question que nous avons à résoudre ici en France, en Europe et dans le monde entier en nous débarrassant à tout jamais du dernier système d’exploitation et d’oppression de l’histoire, le système capitaliste, et en construisant un monde harmonieux où l’homme ne sera plus un loup pour l’homme.
L’unité de lutte des travailleurs du monde entier constitue un rempart contre la tentation des divers pays impérialistes de déclencher un conflit mondial pour un nouveau repartage du monde. Pour cela il va falloir nous battre et rassembler nos forces.

Contre la division politique et syndicale, il nous faut nous unir pour sortir de la phase défensive où nous tentons de parer les mauvais coups, pour parvenir à établir un équilibre relatif et passer à la l’offensive contre la classe dirigeante et son appareil d’Etat.

Dans les usines et entreprises, il faut suivre l’exemple des travailleurs qui tentent de briser les barrières imposées par la ligne des directions syndicales réformistes et unir les syndiqués des différents syndicats qui veulent vraiment mener des luttes efficaces, mais aussi les non syndiqués qui désapprouvent les tactiques réformistes, de conciliation de classe, de trahison, qui ne mènent qu’à la défaite et au découragement, quand ce n’est pas au désespoir.

Il faut donc reconstruire l’outil qu’il nous manque, un véritable syndicat de lutte de classe, intransigeant, qui défende nos droits et qui soit aussi une école de la lutte de classe, une école pour la Révolution, seule perspective à plus long terme pour résoudre tous les problèmes de notre société. Il faut donc que nos représentants soient reconnus par leurs proches camarades de travail, dans un atelier, une chaine, un bureau, un laboratoire, qu’ils soient révocables à tout moment, que les décisions soient prises collectivement en partant de la base, que ces comités unitaires de lutte ne soient pas éphémères le temps d’une lutte, mais deviennent des instances permanentes de lutte, de vigilance.

La vie n’est pas coupée en tranches, un comité unitaire dans une entreprise ne doit donc pas être isolé mais être lié aux entreprises voisines, lié à la population locale des quartiers populaires où vivent les travailleurs, pour élargir la lutte aux problèmes du quartier comme le logement, développer l’entraide, de place en place étendre la lutte à tout le pays et au-delà avec les travailleurs des autres pays.

Il est grand temps de s’organiser !

Formons partout des comités unitaires de lutte dans les entreprises !

Développons le Front Ouvrier Révolutionnaire !



Lutte de classe
La classe ouvrière relève la tête (p.3)
Relevons la tête et reprenons nos affaires en main (p.4)
SNCF : que sonne le clairon de la résistance aux attaques (p.7)
15 postiers au tribunal : relaxe pour tous ! (p.7)
La lutte des sans-papiers à Lille (p.7)

Lutte pour la terre
La lutte à Notre-Dame-Des-Landes (p.8)

(in)Justice de classe
Libération conditionnée de Georges Ibrahim Abdallah (p.9)
La police assassine, la résistance s’organise (p.10)

International
Les internationalistes se rassemblent à Hambourg en soutien à la Guerre Populaire en Inde (p.11)
A bas les interventions impérialistes en Afrique (p.12)
Assassinat de 3 militantes kurdes (p.12)

Culture
La guerre des paysans (p.13)